L'opération "Dragon Rouge"

Jean-Pierre SONCK

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L’Armée Populaire à Stanleyville

Après la chute de Stanleyville aux mains des Simba le 5 août 1964, le consul américain Hoyt contacta par radio l’ambassadeur US à Léopoldville pour lui signaler qu’il était impossible de discuter avec les rebelles qui se montraient peu aimables et confisquaient les véhicules et les émetteurs. Le sauvetage des diplomates américains était une priorité importante pour Washington et la station de la CIA au Congo organisa hâtivement l’opération « Flagpole ». De Lisala, deux hélicoptères protégés par deux T-28D devaient rejoindre le consulat US de Stanleyville, situé au bord du fleuve Congo, pour évacuer le personnel diplomatique, mais l’opération fut annulée à la demande du consul qui s’était mis provisoirement à l’abri avec son personnel dans la chambre forte du bâtiment. L’Armée Populaire de Libération, commandée par Nicolas Olenga, auto-promu lieutenant-général, s’empara des stocks d’armes, d’équipements et d’uniformes dans les dépôts du camp Ketele. Les fusils Fal et Mauser, les mitraillettes Sten et Vigneron récupérés à l’ANC furent distribués aux Simba de l’armée rebelle, mais comme cela ne suffisait pas, de nombreux soldats défilèrent armés de lances ou de machettes pour la grande fête de la victoire. Certains Simba avaient revêtu l’uniforme de l’ANC et s’étaient coiffés de casquettes ou de bérets militaires, mais les toques en peau d’animal prédominaient chez les officiers. Quelques uns chaussaient des brodequins militaires, mais la plupart marchait pieds nus ou en sandales. Quant aux jeunes recrues de l’APL, elles défilaient pieds nus avec des vêtements civils, le corps ceint de feuilles de palmier, arborant toutes sortes de coiffures.


Comme Patrice Lumumba, le commandant en chef de l’APL était un Batetela originaire du Sankuru. Il n’avait aucune expérience militaire en tant qu’officier, mais il avait acquis une certaine notoriété dans la direction du mouvement de « Jeunesses MNC/Lumumba » de sa région. En tant que « responsable des  opérations de guerre » sur le terrain, Nicolas Olenga plaça l’Etat Major Général de l’APL sous le commandement du colonel Joseph Opepe, un ancien sous-officier formé à l’école centrale de la Force Publique à Luluabourg qui avait été promu au grade d’officier en juillet 1960 lors de l’africanisation de l’armée voulue par le premier ministre Lumumba. Il avait acquis une certaine renommée à Stanleyville au temps d’Antoine Gizenga en tant qu’adjoint du général Lundula, mais il avait été écarté de l’ANC en 1962. Le bâtiment du quartier général du 3e Groupement de l’APL, situé avenue Lothaire à Stanleyville, où le col Lukongo et des officiers de l’armée congolaise, passés au service de l’APL, continuaient d’exercer les fonctions de S1, S2, S3 et S4 comme en temps de paix, devint par la même occasion le siège du quartier général de l’APL avec ses bureaux G1, G2, G3 et G4 et Nicolas Olenga confia les fonctions d’officiers d’état-major à des cadres simba sans aucune formation militaire. Le quartier général de l’APL se substitua dans la plus parfaite confusion au quartier général du 3e Groupement. Le chef de l’armée rebelle conservait plus ou moins la même organisation que l’Armée Nationale Congolaise, dont ses hommes héritèrent également l’indiscipline. Le  13 août 1964, le lieutenant général Olenga prit la tête d’une colonne de renforts et rejoignit son quartier général avancé d’Ops Kindu. Malgré l’échec d’une première offensive sur Bukavu, il rêvait de s’emparer de la ville où il avait vécu avant l’indépendance et d’y défiler en vainqueur.


Avant son départ en campagne, Nicolas Olenga se rendit chez la sorcière Mama Onema pour écouter ses prophéties qui lui permettaient de fanatiser ses combattants. D’autres sorciers à son service lui avaient fait croire que tout ce qui était recouvert de feuilles de palmier était invulnérable, mais malgré leur « protection magique », des dizaines de camions et de voitures rebelles terminèrent leur voyage sous les balles des avions T-28D au gué de Nzibira, véritable cimetière de véhicules sur la route de Bukavu. Le 21 août 1964, la situation des Américains en zone rebelle devint critique car le lieutenant général Olenga avait perdu la bataille de Bukavu et s’était réfugié à Kindu avec les restes de son armée. Le chef de guerre vaincu était dans une rage folle et il envoya à Stanleyville deux messages radio par le réseau radio du CFL condamnant les « attaques injustifiées de l’Amérique et les menaçant des pires représailles ». Le second message ordonnait à ses officiers : « Obligation d’arrêter tous les Américains se trouvant au Congo et les traduire devant la cour martiale pour mise en jugement sans pitié ». Dès la réception de ces messages à Stanleyville, le colonel Kifakio se rendit avec ses Simba au consulat US pour procéder à l’arrestation des diplomates américains.

 Michael Hoyt et son adjoint David Grinwis furent menacés de mort, mais ils furent épargnés grâce à l’intervention du consul belge Nothomb et du col Opepe. Ils furent néanmoins obligés d’adresser un télégramme au Département d’Etat pour prier les Etats Unis de reconsidérer leur aide militaire au gouvernement central. Le 27 août 1964, Gaston Soumialot, devint ministre de la Défense Nationale dans le gouvernement de la république populaire du Congo. Il avait autorité sur l’Armée Populaire de Libération, mais l’entente était loin d’être parfaite entre les deux hommes chargés d’assurer la victoire des Simba. Nicolas Olenga avait décrété que les commerçants de Stanleyville devaient remettre en application les prix de 1960  dans leur magasin, ce qui avait ruiné de nombreux négoces et Gaston Soumialot l’avait traité d’imbécile. Touché dans son amour-propre, le général méprisait son ministre à chaque occasion et il n’hésitait pas à le bousculer pour passer avant lui lors des cérémonies publiques. La République Populaire chercha des appuis à l’étranger et Nicolas Olenga envoya un télégramme au président égyptien Nasser en lui décrivant sa lutte héroïque : « …au moyen de lances, couteaux, flèches, comme mes aïeux, je suis parvenu à briser la force des néo-colonialistes -stop- mais pour se battre avec la Américains et blocs de l’OTAN armés des armes modernes et très perfectionnées, il me faut aussi des armes modernes -stop- je vous demande cette offre ». Gaston Soumialot renvoya le commandant en chef au front et le colonel Opepe fut sensé s’occuper du ravitaillement des opérations en cours, mais c’était un ivrogne invétéré. Depuis le QG d’Ops Kindu qu’il avait rejoint après la défaite de Bukavu, le lieutenant général Olenga se plaignit le 8 octobre à son second : « Je vous ai demandé des munitions depuis trois semaines, pas de réponse; j’ai demandé une situation d’armement, aucune suite; êtes-vous là pour l’honneur ou bien pour faire la guerre ? Envoyez d’urgence deux compagnies à Punia et Lubutu avec munitions pour déjouer la manoeuvre de l’armée impérialiste ». Par soucis de sécurité, il ajoutait à certains messages de ne pas lui répondre, car l’ennemi écoutait !



Plans de sauvetage


Le 9 octobre 1964, le général Adams, qui commandait l’USSTRICOM, fut chargé par le Comité des Chefs d’Etat Major US (Joint Chief of Staff ) de développer des plans pour une opération aéroportée sur Stanleyville. Créé en 1961, l’US Strike Command (United States Strike Command ou USSTRICOM) établi à MacDill Air Force Base était un commandement unifié intégrant du personnel de plusieurs branches militaires de l’US Army et de l’US Air Force capable de répondre à une crise au niveau mondial. En tant que chef d’une des sections stratégiques du Pentagone (US Strike Command ) et responsable du Military Aid Program pour le Moyen Orient, l’Afrique et le Sud Est Asiatique (CINCMEAFSA), le général Paul Adams se rendit à Léopoldville pour se rendre compte de l’exécution du programme d’assistance militaire COMISH au Congo et il rencontra le général Mobutu au QG/ANC. Une partie de l’aide américaine parvint à Baka, où le col BEM Vandewalle formait la 5e brigade mécanisée avec des officiers et des sous-officiers de l’assistance technique belge, des mercenaires sud africains et européens et des gendarmes katangais regroupés dans deux colonnes. Cette unité de l’ANC devait fournir l’effort principal du plan de reconquête de Stanleyville conçu par l’Etat Major de la 5e brigade ANC.


La colonne « Lima 1 » sous le commandement du  ltcol Liégeois devait partir de Kongolo et s’emparer de Kindu, où elle serait rejointe par la colonne « Lima 2 », commandée par le ltcol Lamouline. Les deux colonnes progresseraient ensembles de Kindu vers Stanleyville sous la protection de l’aviation. Le col de l’US Army Rattan accompagnait la colonne « Lima 1 » en observateur et l’US Air Force avait délégué un de ses officiers à Baka car trois Lockheed C130E du 464th troop Carrier Wing au service de la Joint Task Force basée à Léopoldville, effectuaient deux missions de transport par jour pour assurer le ravitaillement de la 5e brigade. La Joint Task Force, qui dépendait de l’USSTRICOM, disposait d’un quatrième C130E dit « talking Bird », chargé de relayer les communications radio à Washington, et de Boeing RC 97 de reconnaissance qui effectuaient des missions secrètes de photographie aérienne sous le nom de code de « Running Bear ». Les stratèges américains du général Adams élaborèrent une demi-douzaine de plans, dont la plupart demeurèrent à l’état de projet, tel « Oplan 514 Ready Move III » qui mettait en œuvre deux bataillons de parachutistes, 16 chasseurs-bombardiers F-4C Phantom, 60 Lockheed C-130 Hercules et 20 avions-citernes KC-135. Sa variante « Oplan High Beam 519 », proposée par l’USSTRICOM au Groupe de travail sur le Congo (Congo Working Group), fut également rejetée, ainsi que « Oplan Golden Hawk » qui vit un début d’exécution lors de manoeuvres.


Il s’agissait d’un parachutage de nuit en amont de Stanleyville qui serait attaquée par une force amphibie. Un problème de taille avait été oublié : à partir de Ponthierville, le fleuve est barré de puissants rapides et de chutes infranchissables ! La Grande Bretagne était également inquiète pour les missionnaires anglicans emprisonnés par les Simba et les Britanniques préparèrent une opération aéroportée sur Stanleyville avec des parachutistes SAS sans en avertir leurs alliés de l’OTAN. Le 2e Bureau de l’APL, dirigé par le commandant simba Jean-Pierre Amici, n’était pas un service d’espionnage fiable, mais le 3e peloton d’écoute et de repérage du 3e Groupement de l’ANC, passé au service des rebelles, transmettait à l’Etat Major Général de l’APL une copie des rapports d’écoute, dont des messages radio de l’ANC qui rendaient compte des combats en cours et qui donnaient les noms d’officiers belges servant de conseillers. Certains de ces rapports d’écoutes aboutissaient sur le bureau de Christophe Gbenye et provoquaient une fureur incontrôlée. L’armée populaire perdait du terrain et le lieutenant général Olenga, revenu du front le 27 octobre, annonça au président de la république populaire une terrible catastrophe : la Belgique avait lancé une bombe atomique dans la région de Béni ! Il y aurait eu 100.000 morts. En représailles à cette grande défaite de l’APL, plusieurs dizaines de Belges de Stanleyville furent internés à l’hôtel des Chutes sur ordre du président de la république populaire. Placés sous la garde de Simba, les internés durent subir les violentes diatribes du col Opepe et les gesticulations du major Bubu, une brute sadique qui s’était toujours montré d’une grande brutalité envers les otages occidentaux. Ce Bakusu muet que l’on disait ancien boxeur, était originaire de la même région que Gaston Soumialot et lui servait de garde du corps. Ses gestes indiquaient clairement qu’il fallait couper la tête des Européens. Le lendemain, les Occidentaux retenus en otages assistèrent à l’arrivée du lieutenant général Olenga dans sa jeep, sirènes hurlantes. Il sortit du véhicule et s’en prit au consul Nothomb et à son adjoint Duque qui furent maltraités sous prétexte que le consul belge de Bukavu dirigeait les opérations militaires contre l’APL. Le consul Nothomb fut ensuite emmené à Radio Stanleyville et forcé de lire un message adressé au gouvernement belge pour demander le retrait de l’aide militaire de la Belgique et le 28 octobre, le président de la république populaire proféra des menaces de mort contre les otages occidentaux.



Conférence de planification


Le lieutenant-colonel Avi Bouzin, conseiller aérien du général Mobutu, commandant en chef de l’Armée Nationale Congolaise, rencontra l’attaché de l’Air de l’ambassade US à Léopoldville et lui proposa un plan de sauvetage des ressortissants occidentaux avec deux bataillons de paracomandos belges parachutés par des Lockheed C-130 de l’USAF. Afin de préparer le terrain pour l’offensive de la 5e brigade ANC, les bombardiers bimoteurs Douglas B26K survolèrent Kindu et mitraillèrent le camp de l’armée populaire. Le lendemain, ils attaquèrent le camp militaire de Lokandu. Les sorciers au service de l’APL contrèrent la menace aérienne avec de nouveaux « Dawa », mais le 30 octobre, le lieutenant général Olenga adressa un télégramme au commandant Tshenda à Kindu pour lui ordonner d’exécuter les Belges en cas de nouveaux bombardements. Les Simba avaient rassemblé les otages tombés entre leurs mains pour les exécuter, mais ils n’en eurent pas le temps grâce à l’intervention de la colonne « Lima I » de la 5e Brigade Mécanisée qui occupa la ville le 5 novembre. Le 8 novembre, le ministre des Affaires Etrangères Paul-Henri Spaak rencontra son homologue américain Averell Harriman à Washington pour discuter d’une opération combinée destinée à sauver les otages occidentaux de Stanleyville. Les Etats Unis fourniraient les avions de transport qui permettraient l’intervention de paracommandos belges au Congo.


De retour à Bruxelles, le ministre Spaak rencontra le premier-ministre Lefèvre et le ministre de la Défense Segers, puis il se rendit au Palais pour consulter le Roi Baudouin. Ils acceptèrent le projet d’une opération combinée après avoir passé en revue les événements de Kindu où des otages belges avaient été sauvés de justesse par la colonne « Lima I » du ltcol Liégeois. A Washington, le président Johnson donna son accord au « Congo Working Group » et le 10 novembre 1964, le Joint Chief of Staff transmit au United States European Command (USEUCOM) l’ordre de planifier le raid aéroporté belgo-américain prévu pour le 23 novembre. Les officiers américains, dont le Brigadier Général de l’USAF Russell E. Dougherty qui représentait l’USEUCOM, se réunirent à l’ambassade US à Bruxelles le 11 novembre, puis ils effectuèrent une brève visite au n° 2 de la rue de la Loi. Lors d’une visite de service au Quartier Général de la place Dailly le 10 novembre, le colonel Laurent, commandant du Régiment Paracommando, fut invité par le col BEM Delperdange, G3 de l’EM/FT, qui lui demanda quelle unité de son régiment était entièrement opérationnelle pour une mission outre-mer. Le colonel Laurent lui répondit que c’était le 1er bataillon de Diest car ses hommes avaient terminé leur entraînement parachutiste à partir de bimoteurs C-119. Après onze mois de service, ils pouvaient sauter dans n’importe quelle condition.

Le lendemain, le Brigadier Général Dougherty et ses officiers rencontrèrent leurs collègues belges au ministère de la Défense Nationale pour une conférence de planification. Lors de cette conférence, le colonel Avi Robert Louvigny, qui avait commandé Kamina Base, décrivit les possibilités de cette base aérienne créée au Katanga en 1949. Il était accompagné du général Vivario, secrétaire du ministre de la Défense, qui présenta le colonel Laurent au brigadier général Dougherty. Le commandant du Régiment Paracommando était un officier parachutiste expérimenté qui avait servi plusieurs années au Congo. Il avait sauté sur l’aérodrome de Stanleyville en 1959 durant un meeting aérien au cours duquel le lt Janssens et les adjudants Gorez et Dewaele avaient sauté en démonstration de chute libre. Pendant les interventions humanitaires de juillet 1960, il s’était emparé avec ses hommes de l’aérodrome de Ndjili occupé par des soldats mutinés qui empêchaient le départ des réfugiés. Le Colonel Mommaert, attaché militaire à Léopoldville, et le lieutenant-colonel Mathys, attaché au ministère de la Défense, intervinrent avec d’autres officiers belges pour la planification de l’opération aéroportée.


Lors d’une séance à laquelle était présent l’ambassadeur US MacArthur, Charles Laurent informa ses collègues américains qu’il prévoyait l’emploi d’un bataillon parachutiste avec un minimum de charroi : quatre jeeps blindées Minerva, quatre jeeps radio Minerva et douze tricycles AS-24 pour la reconnaissance et le transport léger. Les officiers parachutistes belges préféraient faire sauter le bataillon sur la zone du Golf située entre la ville et l'aérodrome afin d'éviter les positions défensives rebelles, mais les officiers américains trouvaient plus simple de sauter sur la piste car cela faciliterait le parachutage et le regroupement des troupes pour l’occupation de l’aérodrome. La conférence se poursuivit le 13 novembre et les accords pour l’opération combinée furent signés par les deux parties. Le lendemain, l'USEUCOM établit les plans définitifs de l’opération « OPLAN 319/64 » qui reçut le nom de code de « Dragon Rouge » choisi par le colonel Laurent. Son exécution se déroulait en trois phases : la première phase serait exécutée sous commandement américain et concernait le transport par douze C-130E de 545 hommes du régiment paracommando, de 8 jeeps et de 12 tricycles AS-24 de Kleine Brogel à l’île de l’Ascension via l’Espagne pour y préparer le raid vers Stanleyville. La seconde phase concernait l’assaut de l’aérodrome avec 320 hommes du 1er bataillon parachutiste transportés dans cinq C-130E. Lorsque les avions survoleraient l’objectif, le commandement de l’opération passerait au colonel Laurent. Les parachutistes belges avaient pour missions prioritaires de contrôler les routes d’accès à l’aéroport, d’occuper la tour de contrôle et le Guest House Sabena et de débarrasser la piste de ses obstacles pour permettre l’atterrissage des C-130E transportant les véhicules, le ravitaillement et le restant des troupes.


Situé à trois kilomètres du centre, l’aérodrome de Simi Simi desservant Stanleyville possédait une piste asphaltée longue de plus de 2000 mètres et large de 45 mètres, bordée de fossés d’irrigation et d’une bande herbeuse de 3000 mètres de long. L’aérogare abritait les bureaux d’Air Congo et l’aire de parcage était équipé d’une tour de contrôle et d’un hangar métallique de 33 mètres de large sur 55 mètres de profondeur. La troisième phase concernait la libération des otages dans la ville, leur protection et leur évacuation par air. Le 14 novembre, le général Robert Foreman, commandant de la 322th Air Division de l’US Air Force stationnée à la base aérienne d’Evreux en France, fut chargé par l'USEUCOM de fournir les appareils de transport pour l’opération « OPLAN 319/64 » Dragon Rouge. Il confia cette mission au colonel Burgess Gradwell, qui commandait le 464th wing, une unité du Tactical Air Comand constituée de deux escadrilles de Lockheed C-130E Hercules : le 776th « Troop Carrier Squadron » et le 777th « Troop Carrier Squadron », dont quatre appareils étaient basés à Léopoldville au service de la Joint Task Force, un détachement américain qui dépendait de l’USSTRICOM et s’occupait notamment des contacts entre l’ambassade américaine et le gouvernement congolais. Le Lockheed C-130E Hercules  est un appareil conçu pour le transport de troupes et de matériel. Doté de turbines de 4510 chevaux et de réservoirs supplémentaires lui permettant une plus grande autonomie, il peut voler de nuit et emporter 64 parachutistes équipés. Sa robustesse lui permet d'opérer à partir de pistes très sommaires. Il peut embarquer rapidement 19 tonnes de matériel par la rampe arrière et décoller avec ce chargement. Le colonel Gradwell fut convoqué par son supérieur au Quartier Général et prit connaissance du dossier « OPLAN 319/64 » sans trop de surprises car il avait déjà participé à des opérations aériennes au Congo, notamment pour le pont aérien qui avait amené les casques bleus au Congo en 1960. Ils se rendirent ensuite au Quartier Général de l’USAFE à Wiesbaden (RFA) pour une réunion importante concernant cette opération secrète.

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