Un petit Suisse à Kalemie

Famille Pierre-André KROUG

 

Kalemie - Groupe Scolaire Officiel de Lubuye

Kalemie, famille KROUG et leur fille Raphaëlle, née le 4 janvier 1974

Kalemie, Mme KROUG et sa fille Raphaëlle

 

J'ai séjourné à Kalemie d'octobre 72 à fin août 76. Je travaillais au Groupe Scolaire Officiel de Lubuye comme enseignant de maths et physique dans la section des humanités. J'avais également la charge des cours théoriques de mécanique en section professionnelle.

Mon épouse et moi-même étions membres de l'association Frères sans Frontières, nous avions répondu à une demande des Frères d’Oostakker et je me trouvais sous contrat avec le Zaïre, mais aux conditions locales. La mauvaise surprise fut qu'il n'y avait pas de travail pour les épouses (nous étions deux couples venus de Suisse), malgré les engagements donnés en Belgique.

Ma femme prit un poste de bénévole à l'Hôpital Général, ce qui était intéressant mais ne faisait pas bouillir la marmite. Notre salaire ne couvrait que de justesse nos dépenses et nous avons du demander la gratuité de l'électricité (à l'époque la centrale de Bendera fonctionnait correctement) et les difficultés étaient plus d’être confrontés aux coupures inopinées d'eau (les pompes étaient en fin de vie). Nous habitions le quartier des profs à Lubuye et c'est la seule fois de ma vie que j'ai pu habiter une maison individuelle. Un peu loin de la ville mais dans un quartier tranquille.

Fin décembre, ma femme avait quitté son travail à l'hôpital car elle avait donné naissance le 4 janvier 1974 à notre fille Raphaëlle. Cet accouchement fut un vrai parcours du combattant ; nous sommes allés à la clinique sur la colline, il n'y avait plus que les murs qui tenaient debout et le matériel était moins bon que celui d’un dispensaire de brousse. Nous avions fait appel au médecin de la Filtisaf (un expatrié faisant son service militaire) qui était, si j'ai bonne mémoire, radiologue de formation. Il s'en est parfaitement tiré et nous ne regrettions pas de ne pas avoir fait appel au médecin titulaire qui lui, passait plus de temps à faire le taxi ou à se shooter. Durant les deux jours passés à la clinique, ce fut le défilé du personnel pour venir voir la petite bazungu.

Conclusion : séjour très enrichissant sur le plan personnel. Bien que n'ayant pas réussi à apprendre les bases du swahili, que les contacts avec les collègues zaïrois n'aient pas été aisés (fortement déconseillés, mais pourquoi donc ?) en plus de ma timidité, nous avons pu apprendre à mieux connaître une autre culture.

Les conditions politiques étaient très mauvaises; il n'était pas possible de quitter la ville, la seule excursion que nous avons pu faire (n'ayant pas de véhicule) fut une sortie à la cimenterie (Kabimba). Deux mois après cette excursion, la route était déjà fermée car des militaires avaient attaqué le directeur sur la piste pour lui voler la paie ; résultat un mort (son passager qui n'a pas pris la fuite au moment de l'attaque). En fait l'armée occupait le Katanga et vivait en pillant les villages. Ce qui est frappant c'est qu'en survolant la rive pour monter sur Bukavu et le Burundi, on remarquait bien que Mobutu avait déplacé de force les populations le long des axes principaux et que la brousse était complètement désertée. Encore un bienfait de la dictature.


Pour plus de détails voir mon blog actionnordsud.canalblog.com que je vais essayer d'alimenter régulièrement.


Amicalement

P.-A. Kroug