Le livre que les Belges n'osent pas éditer

Mario SPANDRE

Le livre que les Belges n’osent pas éditer

Dédié aux millions d’enfants morts

depuis que la Belgique a quitté le Congo

La Belgique a honte de son passé colonial.

Alors que la création du Congo est la plus remarquable et la plus grandiose de ses réalisations depuis 175 ans qu’elle existe.

En 1860, au cœur du continent africain s’étalait, encerclé par un puissant fleuve, un immense territoire dont on ne savait rien, sauf qu’à longueur d’années les marchands arabes en extrayaient d’interminables colonnes d’esclaves.

Cent ans après, grâce au génie de son plus grand Roi et au « labor improbus » de quelques dizaines de milliers d’européens aidés par ces Africains que Léopold II a affranchi de l’esclavage, la Belgique a construit un pays couvert de champs, industrialisé et avec une population instruite.  Malheureusement, avant d’avoir achevé son œuvre, la Belgique a dû le livrer aux Nations Unies et au monde.

A cause des idées fausses qui régnaient, ce pays est aujourd’hui complètement détruit.

Paradoxalement, depuis quelques années, par des expositions, des livres , des films, des conférences, l’intelligentsia belge, souvent financée par les deniers publics, tente montrer combien nous étions cruels envers les Africains, combien nous les exploitions et chaque petite impureté de l’immense travail que fut la colonisation est examinée au microscope pour l’exhiber au monde, en omettant de montrer l’œuvre qui y a été réalisée.

Les éditeurs belges, les pouvoirs publics ou les organismes semi-publics, comme la Fondation Roi Baudouin, n’ont jamais songé à financer le « livre » qui devrait être édité sur le Congo belge et qui montrerait le pays développé et moderne que la Belgique a créé.  Il pourrait s’intituler « Le Congo que la Belgique a créé et que les idées fausses ont détruit » !  Ce serait un livre de photographies avec de brèves légendes.

On y verrait non pas un adolescent aux mains coupées, des cases en pisé, des porteurs qui ne sont pas les images du Congo construit par les Belges mais, par exemple, le réacteur atomique installé dans le laboratoire de physique de l’Université de LOVANIUM, le mieux équipé et le plus avancé de toute l’Afrique…

A cela s’ajouteraient les photos de certains bâtiments des Universités d’Elisabethville et de Stanleyville. Ces universités regroupaient, dans une mixité totale de noirs et de blancs, des milliers d’étudiants, formés grâce à des écoles de niveau européen. Les étudiants universitaires étaient, au 29 juin 1960, plus nombreux que dans n’importe quel autre pays d’Afrique centrale, pourtant colonisés bien avant le Congo.

Des photos des écoles primaires établies sur tout le territoire montreraient qu’elles avaient permis de scolariser plus de 90 % de la population en âge d’école. Ce pourcentage, même aujourd’hui, n’est atteint dans aucun autre pays africain.

Ceux qui dirigeaient le Congo, à l’époque, pensaient que pour avoir une démocratie il faut un peuple instruit. Contrairement à l’opinion générale, ils estimaient que quelques universitaires ou militaires éduqués dans des universités étrangères et ayant perdu le contact avec le peuple, ne conduiraient, sauf rares exceptions, qu’au despotisme et à la corruption.  L’état désastreux dans lequel se trouvent aujourd’hui les pays d’Afrique noire démontre qu’ils avaient raison.

Ils ont tort ces grands benêts qui croient qu’il suffit, avec l’argent récolté en montrant des enfants affamés ou morts, de bâtir l’une ou l’autre école en brousse (en se laissant complaisamment filmer) et de distribuer quelques manuels scolaires pour instruire un peuple et l’amener à la démocratie.  Il faut pour cela bâtir des écoles sur tout le territoire, former les élèves des primaires, avant ceux des humanités et ceux-ci avant les universitaires.  Cela n’est pas gratuit. Il faut générer des capitaux et des ressources et pour cela planter, cultiver, récolter et apprendre à ce peuple ce qu’est l’agriculture, l’artisanat, l’industrie. Tout ce système ne peut fonctionner que grâce à une industrie qui rapporte.

Quelle plus belle photo à montrer que celle de l’usine d’électrolyse de la Luilu, avec ses milliers de bacs à perte de vue où, « mûrissait » le cuivre le plus pur du monde.  L’autre jour, le Premier Secrétaire de l’Ambassade du Chili m’a rappelé, qu’à l’époque, le Congo produisait plus de cuivre que son pays qui en exporte aujourd’hui, un million de tonnes par an. Au Congo, grâce à « l’indépendance » et aux idées fausses, on en produit moins de 25 mille tonnes par an.

Comme le cuivre n’était pas le seul minerais exploité, on verrait aussi les mines et raffineries de zinc, d’étain, d’or, de diamant etc. …  sans parler des ports, des bateaux sur les fleuves et les lacs, les liaisons aériennes, les trains (les premiers électrifiés en Afrique centrale), etc. …

Pour l’agriculture,  les photos relatives à l’introduction du riz dans les régions pauvres, des champs de  palmes et de coton (et les huileries et les usines de tourteaux qui en dérivent, etc.…)ou, encore mieux, de caféiers et de théiers (des millions d’hectares d’espèces qui n’existaient pas au Congo avant l’arrivée des Belges) et grâce à quoi des centaines de milliers de familles qui aujourd’hui meurent de faim, vivaient. Tout cela fut réalisé notamment grâce au jardin botanique de Kisantu et au Centre de recherches agricoles de Yangambi – le plus avancé au monde dans le domaine des cultures tropicales – et à son école pour agriculteurs.

Les auteurs du livre que la Belgique n’édite pas n’auraient alors que l’embarras du choix pour choisir les photos des industries induites par les activités minières et agricoles, du chantier naval à la tréfilerie, de la filature à l’usine de chocolat, etc…

Le bien-être qui en dérivait pour les populations noires et blanches était que en 1960, par exemple, les hôpitaux et dispensaires avaient à leur disposition 86.000 lits, soit un lit médical pour 160 habitants.

Ce livre pourrait se clore par un magnifique graphique montrant que le taux de croissance économique du Congo de 1935 à 1960 était supérieur à celui de la Chine aujourd’hui., avec ce que cela entraîne de bien-être pour les populations.

Ce refus d’éditer un livre qui montrerait le Congo moderne que les Belges ont créé s’inscrit dans le mouvement de paresse mentale qui nous environne.

Il est tellement facile de ne pas penser et de s’insérer dans le flux des idées reçues, fussent-elles fausses, mais politiquement correctes. L’anti-colonialisme étant à la mode et rapportant, l’intelligentsia est donc anti-coloniale.

Or, l’image produite par ce refus de penser par soi-même, ne résiste pas à l’examen des faits.  Sous le système colonial, les Congolais mangeaient à leur faim, étaient instruits et le pays se développait comme aucun autre pays africain ne s’est développé en un temps aussi bref.

Depuis que l’indépendance est là, le pays est retourné quasi à l’état dans lequel les Belges l’ont trouvé et ses habitants meurent par millions.

Ces évidences devraient interpeller cette intelligentsia qui publie, parle à la télévision, organise des expositions et produit des films en montrant des photos du Congo de 1890 à 1914.  Mais cela, impliquerait d’avoir une pensée et des raisonnements originaux fondés sur les faits et non sur la pensée politiquement correcte.  Il est plus facile, pour obtenir de l’argent des politiciens de s’insérer dans le système de pensée dominant.

Le problème de la vision que l’Europe a sur son passé colonial relève d’ailleurs de l’abandon conceptuel auquel laisse se  laisse aller l’Europe.

Comme le dit Pascal Bruckner « depuis un demi siècle en effet l’Europe est irréconciliée, habitée par les tourments du repentir.  Ruminant ses crimes passés, l’esclavage, le colonialisme, le fascisme, le communisme, elle ne voit dans sa longue histoire qu’une continuité de tueries et de pillages.  Spontanément, elle donne raison à ses ennemis dans le jugement qu’elle porte sur elle-même.  L’Europe vit toute entière dans la honte de son propre passé.  Nous sommes devenus les rentiers de l’auto-dénonciation, des experts de la repentance en vrac…L’attention obsessionnelle aux abominations d’autrefois nous rend aveugle à celles du présent »   (Le Monde 26.07.05).

Le présent, ce sont les millions d’enfants qui ne survivent pas à la famine. Du temps des belges au Congo, ces enfants mangeaient à leur faim, étaient soignés et fréquentaient les écoles du lundi matin au samedi midi.

Au Congo, le système colonial réalisait.  L’auto–flagellation actuelle, ce sont des pleureuses professionnelles derrière des corbillards débordant de victimes d’idées fausses.

La croyance générale qu’il faut attribuer tous les maux de l’Afrique au système colonial « refoule à la périphérie, comme épiphénomènes, tout ce que qui vient contredire ou contester la croyance » (Edgar Morin). Cette croyance a tué et tue encore.

Les peuples qui ont honte de leur passé, n’ont pas d’avenir.  Est-ce un symptôme de la maladie dont souffre aujourd’hui la Belgique ?


Mario SPANDRE