R.M. Georges de Cappadoce

Soeur Yvonne RUELLE

( R.M. Georges de Cappadoce, à l'Institut Regina Pacis d'Albertville )





Soeur Yvonne a vécu longtemps dans une communauté religieuse de Louvain-la-Neuve et se dévoua sans compter.
Voici ce qu'écrivait Henri MEYER (86 ans), un beau-frère d'Yvonne.
Tout en s'adaptant très bien à sa nouvelle vie, elle m'a dit une fois:
"Mon coeur est resté là-bas; c'est là-bas que je voudrais mourir et être enterrée".
Mais elle avait gardé tout son rayonnement. Quel bel exemple!

 

Lire l'extrait du journal de la paroisse St François, au moment du départ d'Yvonne vers Ciney, en 2001. Hélas, elle savait déjà à ce moment là que les médecins renonçaient à traiter son cancer généralisé; mais elle n'en avait parlé qu'a très peu de personnes et elle gardait son sourire.

 




Quelques souvenirs à propos de Soeur Yvonne


"Ceci n'a pas la prétention de retracer une histoire, mais simplement d'apporter une petite contribution concernant quelques moments particuliers de sa vie." (Henri MEYER)

Naissance d'une vocation




Photo: Yvonne Ruelle à 18 ans en 1939 (future R.M. Georges de Cappadoce)
C'est vers 13 ans qu'elle a pensé à choisir la vie religieuse.
Petit à petit, ce désir a pris forme, et jeune fille, elle voulait:

 

Etre religieuse, être missionnaire, en Afrique

Comme elle avait été en pension à Nivelles, il me semble chez les Soeurs de l'Enfant Jésus, ordre enseignant et missionnaire, elle avait choisi cet ordre.

Mais, quelques jours avant la rentrée, un doute survint dans sa tête, et elle se rendit à Nivelles pour s'assurer qu'elle serait bien missionnaire en Afrique. La réponse fut quelque peu évasive: on verrait plus tard ce qui serait le mieux: l'Enseignement ou les Missions.

Elle renonça à cette voie, et demanda à un vieux père jésuite comment faire pour être religieuse en Afrique. Celui-ci lui dit: Allez donc voir à Andenne, chez les Soeurs Blanches, cela devrait vous convenir. Accompagnée d'une amie, elle se rendit à Andenne, et en arrivant, dans le hall d'entrée, elle aperçut une immense carte d'Afrique.

Sa décision fut prise instantanément, et elle s'inscrivit sans beaucoup plus d'explications.

Quelques mois plus tard, elle entrait à Andenne.

Elle accomplit avec patience toutes les étapes préliminaires avant le départ pour le théâtre des missions.

Ce fut pour elle une joie immense d'être enfin à pied d'oeuvre. Mais il y avait un petit bémol, car si elle enseignait en Afrique, comme elle l'avait toujours souhaité, elle enseignait d'abord à des blancs, et, tout en étant très heureuse, elle attendait impatiemment le jour où elle pourrait enseigner à des noirs.

Ce qui arriva en son temps, et c'était donc son rêve pleinement réalisé.

Bien des années plus tard, elle me disait:

Si tu savais comme j'étais heureuse, quand j'étais dans la force de l'âge, et que je sentais que je donnais toutes mes forces pour la Mission.


Largeur d'esprit

Je discutais un jour d'oeucuménisme avec elle à Louvain-la-Neuve, et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi les Eglises soeurs n'étaient pas capables de faire le pas et de renoncer à ces monstrueuses divisions qui durent depuis des siècles.

Elle comprenait, en partie au moins, ma position; lorsqu'il y avait à L-la-N une réunion oeucuménique, elle ne manquait pas de me le faire savoir.

Et elle m'avait expliqué un jour que dans son dernier poste en Afrique (je ne me rappelle pas le nom, mais ce sera facile à retrouver) en plus de son rôle comme Mère Supérieure, elle donnait la classe de première. De temps en temps, elle organisait une sortie de ses élèves,  en forêt, pour observer les arbres ou les plantes, ou ailleurs pour voir un point de vue, un monument; puis le petit groupe rentrait pour faire le point de l'excursion. Il y avait non loin de là un Collège protestant, et les deux professeurs de première se donnaient le mot pour faire l'excursion ensemble, les professeurs côte à côte, et les étudiants formant un groupe tous ensemble; puis tout le monde se retrouvait au même endroit "soit chez nous, soit plus souvent chez eux, parce qu'ils avaient une salle plus grande". La discussion se faisait en commun, et tout le monde y trouvait son compte.


La vie à Louvain-la-Neuve

D'autres, bien mieux que moi, pourront raconter cette partie de sa vie.
Je n'en donnerai qu'une impression partielle mais très importante.

C'est à la suite de la découverte d'un cancer du sein, et donc de la nécessité d'être surveillée de près, qu'elle dut faire une croix (c'est le cas de le dire) sur son apostolat en Afrique.
Elle n'en fut pas abattue pour autant, mais elle ne voyait pas clairement comment utiliser  au mieux les forces qui lui restaient. Elle fut très réticente lorsque lui fut proposé le poste à L-la-N.

Devant l'insistance du Curé et de sa Supérieure, elle finit par accepter de faire une année d'essai. Mais elle s'était si bien adaptée à sa nouvelle fonction, qu"il n'y eu plus jamais de remise en question.

Je ne retiendrai qu'un aspect de son oeuvre: sa vie d'amour, jusque là alimentée par l'action, continua pleinement, sous une autre forme, et une de ses forces extraordinaires fut l'écoute des autres.


Savoir écouter

Savoir écouter à ce point, c'est sans doute la plus magnifique preuve d'amour, comme dit le Père Ceyrac: Ecouter, pour partager; partager les soucis, les peines, les joies, les besoins.

Elle a rempli ce rôle vis à vis de tant de personnes, enfants, adultes, et bien sûr très souvent vis à vis d'étudiants étrangers qui arrivaient dans cette ville universitaire quelquefois bien déboussolés. Les étudiants se donnaient le mot : Vas donc voir Soeur Yvonne; il n'y avait pas de rendez-vous, il suffisait de frapper à sa porte; et si Soeur Yvonne était en conversation avec une personne de ses connaissances, celle-ci comprenait vite et écourtait son entretien pour laisser la place à l'arrivant.

Ces quelques années passées à L-la-N ajoutent un parfum supplémentaire à une vie déjà si riche par ailleurs.


Bonsoir à Marie ( Lire la prière)

Comme toutes les Soeurs Blanches au cours de leur formation, Soeur Yvonne avait séjourné un an à Alger.

C'est pendant ce séjour qu'elle avait écrit cette prière, qu'elle avait gardé précieusement avec elle. Mais au cours d'une de ses pérégrinations, elle l'avait perdue, au point que finalement elle l'avait oubliée. Mais bien plus tard, une de ses consoeurs, qui avait gardé le texte, le lui remit en lumière; à ce moment, toute heureuse de l'avoir retrouvé, elle m'en a transmis une copie, et c'est ainsi qu'aujourd'hui je peux vous l'envoyer.

Voeux à Herent



 

Amies du pensionnat de Brugelette
(Retrouvaille en 1993)

 

1. Soeur Denise WANEKEM
2. Soeur Yvonne RUELLE
3. Isabelle REZNICK
4. Lucette COLIN
5. Jeannine CORNU *
6. Marcelle BRANCART

 

* Anecdote :
Jeannine CORNU était la soeur de Jean CORNU, mon père. En arrivant à Albertville en mars 1955, mes parents allèrent m'inscrire au Regina Pacis...
Je venais d'avoir 7 ans. Alors que mes parents déclinaient mon identité, quelle ne fut pas la surprise de la R.M. Georges de Cappadoce (Soeur Yvonne RUELLE) de découvrir qu'elle et ma tante avaient été des amies de pension à Brugelette, près de Mons. Mon père lui rappelant même qu'ils avaient, il y a bien longtemps, fait la vaisselle (!) ensemble, alors que sa soeur Jeannine était souffrante! (J.-P. Cornu)

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