Famille Cornu
Nioki - Lac Léopold II (oct. 1948 - oct. 1950)
Léopoldville (oct. 1950 - déc. 1951)
6 octobre 1948, départ en avion de Jean CORNU, mon père, de Melsbroek pour Nioki, comme adjoint à la direction de la FORESCOM à Nioki (voir le building Forescom à Léopoldville). Il y trouve une agréable localité en bordure de la rivière M'Fimi, lien entre le Lac Léopold II (actuel Mai-Ndombe) et le fleuve Congo. Ce n'est que le 5 avril 1949 que maman et moi (1 an et demi) prenons l'Albertville (6ème du nom) à Anvers et arrivons le 20 du même mois à Matadi où nous logeons une nuit. Le lendemain, un vendredi, nous prenons le "Train Blanc", ainsi dénommé pour la couleur blanche de ses wagons, reliant Matadi à Léopoldville. A l'arrivée, le vendredi soir vers 18 heures, les bureaux de la Citas (Compagnie Industrielle et des Transports au Stanley-Pool) étant fermés... aucune trace de l'agent de voyage censé nous accueillir. Celui-ci nous attendait à l'Hôtel Regina où une chambre nous était réservée et où nous nous sommes rendus en taxi. Maman n'était pas au bout de ses émotions...
En effet, le bateau qui aurait dû nous amener à Nioki venait de partir ! Son retour était prévu quinze jours plus tard. Finalement, Maman dut se résoudre à prendre l'avion du dimanche matin qui faisait la liaison Léopoldville - Inongo, Lac Léopold II. Elle avait préféré dès le départ voyager par bateau plutôt que par avion, moyen de transport qui ne lui inspirait guère confiance à l'époque, d'autant moins qu'une tornade tropicale choisit de s'abattre sur Léopoldville durant ce court laps de temps. A l'arrivée à Inongo, sur la plaine, le représentant Sabena et son épouse, les VASSART, nous attendaient. Nous allions loger chez-eux jusqu'au mercredi en attendant le passage du bateau, le "Général Strauch", steamer à bois de l'OTRACO, qui redescendait le lac, pour emprunter la M'Fimi vers Nioki, en passant par Kutu. Maman eut droit à un vélo pour se rendre à leur domicile, tandis que c'est sur la moto de monsieur que je fis le trajet ! C'est comme cela qu'une nouvelle vie pouvait commencer à Nioki, le 5 avril 1949. C'est là aussi que Martine, ma soeur, y est née au mois de mars 1950. C'est en baleinière que papa se rendit à Kutu, accompagné de monsieur Dos Santos et de madame Maréchal, pour y déclarer sa naissance. Durant tout ce temps, nous avons été logés dans une maison en bois sur pilotis dans laquelle la chaleur était le plus souvent insupportable. Ce n'est que bien plus tard, un mois avant la fin (avancée) du terme, que nous avons eu droit à une maison en dur cette fois. C'est aussi à ce moment que mon père a saisi l'occasion qui s'offrait à lui d'entrer au service de l'Etat (la Colonie) à Léopoldville.
De novembre 1950 à décembre 1951, nous avons séjourné à Léopoldville où mon père entra à l'Urbanisme (partie administrative). Peu avant qu'un nouveau plan d'urbanisation de Léopoldville voie le jour, de même que ceux d'Elisabethville, Kolwezi, Stanleyville, Costermansville (Bukavu) et Goma. Pour ce qui concerne le logement, ce fut plutôt la débrouille: nous avons été logés successivement à l'Hôtel Regina, en appartement, au centre de la ville, chez monsieur et madame Walter VRAIE (un ancien de la "Consulaire" à Mons, directeur de la Soc. Fiduciaire de Belgique), dans une maison avenue Lippens et enfin à "Léo II", à 10 km du centre de la ville, au sommet d'un plateau qui domine Léopoldville, dans le lotissement des "Cent maisons", avenue de Zaïre précisément. L'atmosphère y était agréable, avec beaucoup d'air, des nuits fraîches...
Dans une lettre datée du 8-05-1951, Jean Cornu (mon père) fait écho "d'une côte de Dieu le Père à monter et descendre deux fois par jour" en voiture pour se rendre au travail en ville. Il décrit aussi les problèmes de circulation (déjà !) : "C'est effrayant le nombre de voitures en circulation à Léo, aux heures de pointe les routes principales sont vraiment inabordables (sic). Il m'est arrivé d'attendre 7 minutes (!) avant de pouvoir m'engager dans l'avenue Vangèle".
Et aussi : "On fait chaque week-end de belles promenades dans les environs. Quand nous habitions dans le bas, nous venions respirer l'air pur de Léo II, maintenant que nous avons ça à domicile, nous avalons quelques kilomètres de la route de Matadi ou bien nous poussons une pointe vers l'aérodrome, à moins que nous n'allions boire un verre au Bois Fleuri, une auberge genre guinguette avec terrasse panoramique. Notre nouvelle maison n'est pas grande mais elle est bien conçue et bien orientée, nous sommes à deux pas de la Grande Corniche, une route-promenade qui domine les rapides du fleuve. Nous entendons d'ailleurs leur grondement d'ici."
La maison était neuve et bien orientée, à deux pas de la Grande Corniche, une route-promenade qui domine les rapides du fleuve Congo. Nous entendions leur grondement au loin. Ce nouveau lotissement, dont certaines maisons étaient encore en cours de construction, se trouvait à un jet de pierre du Mont Stanley. C'était l'endroit où se trouvait le monument bien connu, érigé à la gloire du célèbre explorateur Henry Morton Stanley. Les week-ends, les possibilités de promenades en voiture ne manquaient pas: la route de Matadi était toute proche, ou aller boire un verre à l'aérodrome, au Guest-House de la Sabena, ou encore à l'auberge "Au Bois Fleuri" et sa terrasse panoramique avec vue sur le fleuve. Ailleurs, en ville, se trouvaient aussi d'autres monuments bien connus, ceux du Roi Albert Ier et du Roi Léopold II (lieu appelé aussi plus communément "le cheval"). Qui ne se souvient aussi du zoo, lieu de détente pour les habitants de Léopoldville, et de son plus célèbre pensionnaire... le brave gorille prénommé "Marcel" à qui on avait appris à fumer la cigarette que lui tendaient certains visiteurs ! Pauvre animal...
Le séjour à Stanleyville a été entrecoupé d'un retour en congé de quelques mois, pour Maman et les deux enfants seulement, avec un départ le 14 juin et un retour le 10 octobre 1951. Une petite voisine de notre âge, Marie-Claude AZORNE (dite "Poupette") nous avait été confiée pour la circonstance. Avec comme souvenirs que les turbulences ou "trous d'air" que traversait l'avion étaient accompagnés chaque fois de " ça fait du bien ! " de la part des deux plus âgés.
NIOKI
Lac Léopold II
(Lac Mai-Ndombe - Province de Bandundu)
40 photos pittoresques de Nioki
et
Nioki - Situation géographique