Boîte aux souvenirs

Il peut être difficile de faire parvenir des documents photographiques, tout le monde ne dispose en effet pas toujours du matériel nécessaire pour ce faire... Mais ils est une chose à la portée de tous : évoquer un souvenir précis, une situation particulière, un fait marquant, une anecdote émouvante ou amusante... tous inoubliables parce qu'ils nous tiennent à coeur, pour l'une ou l'autre raison. Peu importe qu'ils concernent Albertville bien sûr, mais aussi tous les districts environnants (Moba, Manono, Kabalo, Kongolo ou Nyunzu). A l'approche du 11 mars 2005, j'ai longuement hésité à relater la date anniversaire du dernier départ pour la colonie, me disant à quoi bon? Qui cela peut-il intéresser? Voilà qu'au hasard d'un contact avec un de nos GM (Gentil Membre, dans un certain Club) à qui je dois l'idée, l'occasion se présente avec l'ouverture de cette nouvelle rubrique. C'est donc en espérant faire de nombreux émules que je l'inaugure...



 

Publié le 10 janvier 2019

Cousins, cousines

Je suis né en 1949 à Elisabethville (Katanga) et mon grand-père maternel, fermier à Kafubu, au sud d'Eville, était Léon Schréder.

Nous avons fait un voyage dont j'ai quelques bribes de souvenirs, 1956. Toute la famille, mon père au volant de la Chevrolet, ma maman et mon frère aîné, à crapahuter sur les routes du Katanga, en passant par Mitwaba, Manono, pour arriver chez nos cousins Demblon-Schréder, à Albertville. J'en ai quelques photos où avec notre cousine Myriam Demblon, nous sommes en train de jouer.

Je me souviens d'un jeune garçon d'Eville, Rota son nom, que nous fréquentions et qui a été dévoré par un crocodile à côté de sa soeur . Souvenir imprécis ???

Bien plus tard, en exil forcé en Bulaya, Maggy m'a raconté qu'un propriétaire de Zoo à Albertville, se promenait avec un serpent dans sa voiture, sur les routes de Wallonie.

Dressen Pierre, un des 'Trois Frères'


Publié le 27 octobre 2010

LA RADIO DU CONGO

Le gouvernement Pierlot (en exile à Londres) achète un émetteur ondes courtes de 50 kW et l’installe au Congo Belge.

En janvier 1943 à Léopoldville ont lieu les premiers tests. Le 16 mai 1943 a lieu l’inauguration solennelle.

 

A partir de cette date 8 heures de programme : « les Belges parlent aux Belges » puis « la Belgique parle au monde ».

Le 31 octobre 1943 est décidé une extension de 5 heures vers les différents continents.

Le programme alors comprend des programmes en néerlandais, français, anglais, portugais, luxembourgeois, afrikaans, turc, allemand et espagnol.


A la fin de la guerre, en août 1944 la RNB émet 18 heures par jour. Elle était devenue une des plus importante radio mondiale.

 

LA RADIO AU CONGO ET EN BELGIQUE

La RNB est ensuite absorbée par l’INR à Bruxelles et le Wereldomroep préparé à Londres voit le jour et ses programmes sont diffusés par Bruxelles et par Léopoldville.

La guerre a prouvé l’importance du média radio.

Le 31 janvier 1945 a été prise la décision de créer un service mondial.

 

En 1945 les armes se taisent et les programmes sont adaptés à la paix. La RNB est absorbée par l’INR-NIR à Bruxelles et le Wereldomroep voit le jour :

Un émetteur de 50 kW est installé à Bruxelles et relayé par Léopoldville.

C’est le 31 janvier 1945 exactement que l’INR institue le Service Mondial.

Il a pour mission d’assurer le lien entre la métropole et les colonies africaines. Le temps total d’émission atteint 14 heures 45 minutes d’émission en français, néerlandais, anglais, portugais et espagnol. A ces programmes d’actualité et d’information s’ajoute l’émission « Les Belges dans le Monde », en français et en néerlandais pour nos compatriotes à l’étranger.

Dans un premier temps le service mondial continue à exploiter la rédaction et le fabuleux émetteur de 50 kW de Léopoldville, jusqu’en 1952.

Les émissions sont en néerlandais, français, anglais, espagnol et portugais, total : 14h45 avec 26 bulletins d’information par jour.

En Belgique un émetteur ondes courtes de 5 kW est mis en service en mai à Ruiselede.

Au Congo on produit des émissions pour la colonie : c’est Radio Congo Belge qui est diffusé depuis 1949 en français, néerlandais, lingala, swahili, kikongo, tshiluba.

Après 1960 cette station deviendra Radio Congo.

Une série de compressions intervient l’année suivante : le personnel passe de 27 à 20 employés à Bruxelles et de 60 à 50 à Léopoldville. En 1948 le budget est réduit de 25%, ce qui entraîne d’autres licenciements. Ces coupes sombres n’empêchent pas la station de lancer de nouveaux programmes pour les marins et les missionnaires.

 

LA STATION LA PLUS POPULAIRE DU MONDE

L’indicatif de la station, du tam-tam joué au xylophone par un congolais devient rapidement célèbre. Un référendum international couronne la radio du titre de station la plus populaire du monde.

Au début des années 50, elle émet 13h par jour.

 

Publié les 5 et 11 juin 2006

Mes premiers pas en Afrique!
Je devrais dire nos premiers pas, ma femme Alice et moi!

Nous venions de sortir de ce terrible conflit 1939-1945 et les USA et l’URRS commencèrent à s’affronter sur le partage de l’Allemagne. Nous ne voulions plus subir à nouveau les désastres du récent passé et nous étions convaincus qu’il était temps de changer de climat et de trouver un pays où nous pourrions vivre en paix et élever nos éventuels futurs enfants.

Un oncle se trouvait déjà au Congo depuis 1922. C’était Lambert Plees, qui possédait une sorte de monopole du transport des marchandises entre Usumbura et Bukavu, qui s’appelait alors, Costermansville. L’étroit escarpement de Kamanyola, qui serpentait la montagne avant d’arriver sur les hauteurs de Bukavu, que des tam-tam bien placés avertissaient du traffic, était un peu son oeuvre. Lambert Plees a d’ailleurs eu droit à un article dans le Pourquoi Pas? du 6 juillet 1953.

C’est donc sur le Congo Belge que notre choix s’est fait. Mais, non, non, nous ne voulions pas être à sa charge! Nous voulions être indépendants! Peu le sont au courant, mais les indépendants, futurs coloniaux, futurs planteurs, n’obtenaient pas facilement l’autorisation de s’établir au Congo. Je dois dire que comme vétéran, j’ai obtenu un petit avantage, mais, afin de recevoir nos visas d’entrée, il m’a fallu verser 10.000.00 francs par personne, soit 20.000.00 francs de caution! A l’époque ce n’était pas une petite somme!...

Nous venions de nous marier, Alice et moi, et nous avions décidé de faire de notre voyage vers le Sud, notre voyage de noces. Il a duré 16 mois! Oui, vous avez bien lu! Nous ne savions pas ce qui nous attendait en Afrique et, pourquoi ne pas l’avouer, âgés de 20 et 21 ans, mais mûrs sous bien des aspects, nous avions la naïveté de vouloir suivre les pas d’Henry Morton Stanley ( de son vrai nom, au Pays de Galles, John Rowlands), de Jack London et les rêves de Pierre Loti! J’avais acheté aux surplus de l’armée américaine, un camion avec lequelle nous allions faire notre déplacement. J’avais pensé que ce camion pourrait nous être utile plus tard, ce qui s’est avéré justifié. Nous avons traversé la France à notre aise jusqu’à Marseilles où nous avons embarqué et, par le canal de Suez, nous avons atteint Mombasa. Nous ne parlions l’anglais ni Alice ni moi mais nous possédions un dictionnaire Français-Anglais. La belle affaire, diriez-vous!... Dans nos esprit, nous pensions que dès notre arrivée nous nous trouverions en pleine brousse entourés de noirs à moitié nus! Mais du pont du bateau, nous pouvions apercevoir une ville, occupée par des blancs, des noirs, bien sûr, des arabisés et des indiens, tous affairés à leurs routines.

Et finalement, nous avons mis pieds sur le sol Africain. Nous avons été très bien accueillis. Les autorités de la douane et de l’immigration nous ont aidés et nous ont rendu la vie facile, d’autant plus que l’un d’entre eux parlait un peu le français. Mombasa était une ville et un port importants sur l’océan indien qui par son charme oriental nous a renforcés dans notre décision aventureuse, parceque c’était une réelle aventure dans l’inconnu que nous entreprenions et n’avons jamais regrettée.


Nos premiers pas en Afrique. Suite 2

Arrivés à Mombasa, nous y sommes restés plusieurs jours afin de nous acclimater à l'air du temps. Affirmer que nous n'étions nullement ou peu dépaysés serait vain. Nous avions tout à apprendre, puisque d'un pays où la grisaille était monnaie courante, nous nous trouvions juste au sud de l'équateur et au lieu de platanes et de saules pleureurs, bien que romantiques, le décor nous offrait, palmiers, baobabs et flamboyants. Comme les plans que nous avions formés avant notre départ de la Belgique (notre voyage de noces qui avait débuté depuis plusieurs mois et se continuait en Afrique, je le rappelle.), prévoyaient un séjour d'un mois à six semaines en territoires anglais (Kenya et Ouganda), nous nous étions quelque peu préparés en lisant certaines revues et en nous familiarisant avec la langue anglaise, mais sur le terrain le résultat fut différent en raison de l'accent (gallois, écossais, etc.) de nos interlocuteurs européens en plus de recourir à l' emploi de nombreux mots swahili, ce que, dit en passant, nous ferions tout autant nous mêmes plus tard sans y penser! Par ailleurs, les échanges pour se faire comprendre furent bien plus laborieux en ce qui concernait nos contacts avec les indigènes qui furent toujours d'un abord agréable et même hospitaliers. Nous pensions alors, petite digression et proportions toutes gardées, aux embûches qu'a dû rencontrer notre compatriote namurois, Pierre Minuit, lorsqu'il négocia en 1626, l'achat de l'île de Manhattan contre le paiement en breloques d'une valeur de 24.00 dollars. Sur le moment, il ne pouvait savoir que les Indiens avec lesquels il traitait n'étaient pas maîtres de l'île; ils se trouvaient sur Manhattan uniquement pour y chasser le gibier!

La vraie complication qui s'est présentée à nous lorsque nous avons quitté Mombasa, que nous avons bien aimée, en chemin vers le Congo, a été la conduite à gauche, ce qui m'a obligé à rouler plutôt lentement sur des routes tortueuses et à m'y concentrer au maximum et, comme tout bon Belge, à rouspéter à souhait contre cette incongruité anglaise de diriger et maintenir la circulation routière dans le mauvais sens. Mais par contre, avouons-le, cela nous a permis d'admirer avec plaisir le paysage, grandiose à certains moments. Nous nous arrêtions de temps à autre dans certains villages, soit pour nous dégourdir les jambes, soit pour y trouver de quoi nous nourrir et de quoi boire, ou pour faire le plein d'essence. Cela nous donnait l'occasion de faire plus ample connaissance avec la population dont la vue nous devenait jour après jour, plus familière. Les femmes, seins au vent, ce que bizarrement nous trouvions naturel, et les hommes recouverts d'un drap, qui avait dû être blanc à l'origine, lequel était retenu à l'épaule par un simple noeud, présentaient une position qui nous faisait rappeler à celle de certains oiseaux. Ils étaient appuyés sur un long bâton et se balançaient sur un pied qui supportait l'autre replié vers le haut et fixé au genou. Autour d'eux une ribambelle d'enfants, nus pour la plupart, mais le cou rehaussé de nombreux colliers de couleurs différentes, jouaient et riaient avec joie. Ce qui nous a frappés Alice et moi, était de constater les frimousses réjouies de tous ceux que nous approchions, alors que nous avions quitté les trop nombreux visages ronchons de chez nous... Je devrais dire avec plus de précision, de nos grandes villes.


Nos premiers pas en Afrique. Suite 3

Durant notre périple, bien assis dans la cabine élevée de notre camion qui nous donnait une excellente vue sur tout ce qui nous entourait, nous faisions souvent le point, Alice et moi, sur ce que nous avions appris, sur les rencontres que nous avions faites, sur ce que nous pensions trouver sur ce continent encore mal connu d'un trop grand nombre, sur le style de vie dans la colonie, et surtout sur notre détermination à poursuivre notre aventure qui nous enchantait. Nous venions donc de passer trois semaines sur le bateau durant lesquelles nous avons côtoyé différents personnages dont certains hauts en couleur. Comme le bateau allait se rendre de Mombasa à Dar-es-Salam, puis à Madagascar et dans les îles de l'Océan Indien, de nombreux passagers, agents d'administration et militaires français, revenaient de vacances en métropole, qu'ils n'avaient plus prises depuis 1939-1940, en raison de la guerre. Ils étaient intarissables sur la vie aux colonies et nous étions, Alice et moi, tout oreilles à ce qu'ils disaient, ce qui nous a permis d'en tirer des leçons qui nous ont judicieusement servi. Nous étions tout jeunes, c'est vrai, mais ce que nous avions enduré durant cinq ans nous avait mûris.

Durant la traversé, deux incidents amusants nous sont arrivés, que je me plais à vous raconter. Nous avions fait escale à Suez et nous nous sommes promenés dans la ville, curieux de ce qu'il s'y passait et nous entrions dans des magasins pour avoir un aperçu de ce qu'il s'y vendait. Dans l'un, Alice, repère sur une étagère des boites de biscuits français, boites en métal bien soudées comme cela se faisait dans le temps. Heureuse de sa trouvaille, elle en achète une en disant que ce serait un petit changement agréable pour les desserts à bord, car nous n'y étions pas vraiment gâtés. En ressortant dans la rue, voilà qu'un Arabe, s'approche de nous gesticulant et tout souriant avec l'air de contempler une denrée rare; il me propose sérieusement et simplement d'acheter ma femme, comme si elle était une marchandise courante et que tout le monde savait que tout s'achète et tout se vend sur la place! Je ne lui ai pas demandé le prix qu'il comptait m'offrir! Vrai, j'aurais dû... Plus tard, devenu moins naïf, je me suis souvent reproché de ne pas lui avoir demandé le prix que ma femme valait… Pour avoir une petite idée! Bref, d'un haussement d'épaules, le regard réprobateur et d'un geste précis de la main, je l'ai chassé! Et la boite de biscuits, me demanderez-vous? Revenus à bord, nous l'avons ouverte, elle était remplie de sable à ras bord!

Un mot encore sur l'escale de Suez. Contre notre bateau à quai, mais prêt au départ, il y avait de nombreuses petites embarcations chargées de marchandises, qu'un Egyptien dans chacun d'eux, rames en mains, abordait afin de monter à bord, ce qui était permis à l'époque, puisqu'on ne parlait pas encore de terroristes, et de vendre ses produits au plus offrant! Outre les petits bibelots habituels, c'était des tapis, " Zoli tapis di s'orient" que le vendeur annonçait et qui intéressaient le plus les amateurs car les prix étaient attractifs. La majorité des passagers se laissèrent donc tenter. Les amarres larguées, les marchands débarqués, le bateau voguant vers le large, chacun se mit à inspecter son achat avec méticulosité et s'aperçut à sa grande déception que les "Zoli tapis di s'orient" avaient été fabriqués en Belgique!

Voilà en quelques mots des souvenirs se rapportant à plus de soixante ans dans le passé...

Gabriel BIRKENWALD

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