Evénements de juillet 1960

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Albertville le 10 juillet

Terriblement fatigué, je m’étais endormi presque instantanément dans une cabine de passagers. Au petit matin, dans mon demi-sommeil je fus dérangé par des claquements de portes qu'on ouvrait et qu'on refermait. Enervé par cet acharnement, je sautai en bas du lit et sortis brusquement. Je tombai nez à nez avec Amici, aussi surpris que moi. Heureux de sa découverte, il avertit ma mère : «Ah la …! Weye uku Madami ? Ja-ja, iko uku !» Je compris pourquoi tant d’effervescence sur le pont, et réalisai que je n’avais pas passé la nuit dans l’appartement réservé au capitaine et à sa famille. Un jet rapide d’eau froide me remit les idées en place. Alors que j’avais projeté de taquiner le « makoki » à la pointe du pier, une fois de plus, j’étais bon pour la corvée « petits frères ». Mais avant, je pris un copieux petit déjeuner composé, d’œufs « metcho ya n’gombe » (œil de bœuf = oeufs sur le plat), charcuterie, fromage, accompagné d’un délicieux café arabica de la marque « Kivor ».

Vers 09.00 H, nous étions informés que le train de Kabalo venait de passer Greinerville (Makala). Mes parents s’engouffrèrent dans la VW de monsieur Houart, officier de marine au Service des Voies Navigables. Ils se présentèrent à l’accueil, sur le quai de la gare bondé de « bonnes volontés ». De la passerelle, aidé de jumelles, j’avais juste pu entr'apercevoir, au travers des installations des ateliers du C.F.L., le convoi qui entrait en gare. Il devait être alors environ de 09.30 H.

Michel Stavrianos livrera son témoignage (enregistré sur bande magnétique chez-lui durant l’été 2006), des souvenirs encore présents 45 ans plus tard « comme si c’était hier » : l’entrée en gare du train ramenant de Kabalo « ces pauvres gens encore sous le choc, débarquant comme des misérables ». « Ce sont des scènes qui resteront gravées dans ma mémoire pour toujours! ». Et Michel de poursuivre…

Ensuite ma mère se rendit en ville fouiner dans je ne sais quels étalages, tandis que mon père vaquait à ses occupations du côté de la Direction. A son retour de l’armement, en fin de matinée, ma mère nous rejoignit quelques instants plus tard. Elle avait ramené entre autre un magnifique « transistor » de marque Novac. Cette nouvelle découverte de l’électronique trônait là, sur une table de salon. On pouvait juste écouter et l’admirer sans toucher!

C’était aujourd’hui dimanche, le port n’était pas en activité. Sur les quais, le dispositif de garde avait été renforcé. La vue de ces gendarmes, volontaires et autres militaires armés fascinait mes frères. Heureusement pour moi, ce divertissement venait à mon secours. Sur le parvis du hangar, j’observai amusé l’homme coiffé d’un casque anglais qui lui tombait sur le nez : c’était bien lui, le capitaine de marine Fernand Lallement. A le voir gesticuler, il égayait à coup sûr son monde d’une anecdote dont la drôlerie ne leur avait pas échappé. Homme d’autorité, il était connu pour son franc-parler.

Mais pour l’heure, s’étant dirigé vers l’embarcadère et ayant escaladé la bordée du vapeur à quai, Fernand de son prénom, commanda au barman une « Simba » bien glacée. Dans la suite, le capitaine Elavia monta à bord et s’intégra au groupe d’hommes qui s’étaient attablés sur le pont. Enfin, mes parents, retardés par l’un et l’autre, se joignirent à l’assemblée ainsi spontanément constituée ; l’apéritif fut écourté. En effet, l’après-midi n’allait pas être une sinécure. Nombre de petits détails devaient encore être réglés.

L’ordre fut donné à la chaufferie de maintenir les chaudières sous pression. Le « journal de bord » venait d’être livré par le planton de l’armement, ainsi que le permis de sortie délivré par le Service de Voies Navigables. Durant le dîner, ma mère narrait avec force détails l’atmosphère qui régnait en ville. Décrivant l’entrée en gare du train de réfugiés, elle capta notre attention par les témoignages qu’elle avait recueillis. Notre boy Amici, à son tour, y allait de son commentaire. Il n’imaginait pas qu’en si peu de temps tout eut pu basculer, et s’estimait heureux d’être à bord avec sa famille car, disait-il, neuf tribus se côtoyaient dans la région. Tant que l’ordre était maintenu, la vie était encore possible, mais pour combien de temps ? il formula des doutes! Après avoir quitté la table, chacun se prépara à affronter l’après-midi. Mon père avait désiré se détendre dans un bain chaud, tandis que ma mère obligeait mes frères à faire la sieste, elle y tenait depuis toujours.

Mais, que s’était-il passé à Kongolo ?

Rita Schonk, une petite fille habitant Kongolo, nous rapporte ce témoignage émouvant. Des souvenirs lui reviennent par bribes. Elle se rappelle des moments angoissants, qui parfois la tenaillent encore depuis son départ précipité. Ci-après la lettre qu’elle m’a fait parvenir à la suite de biens des hésitations, persuadée qu’ils étaient sans importance, alors que l’on perçoit à travers ces lignes, les images confuses qu’un enfant peut enfouir durant toute sa vie dans son subconscient.

Voilà ce dont je me rappelle : Pendant les mois précédant l’Indépendance, il y avait une bonne entente entre les blancs et les noirs. Mon père et ma mère ont été invités au village par des employés noirs du CFL ; ils y sont allés et ont été très bien reçus. Mais mon frère, âgé de 10 ans, qui jouait toujours avec les enfants noirs et parlait couramment le swahili, racontait que des noirs, venant d’autres régions, flânaient dans les rues et qu’ils se partageraient les femmes blanches et leurs biens.

Puis, après l’Indépendance, les femmes et enfants ont reçu l’ordre de partir par train vers Kabalo. Ma mère n’était absolument pas d’accord et refusait tout net de partir. C’est de ces disputes dont je me rappelle le mieux et de celle qui eut lieu à Kalemie plus tard. Ma mère recevait des leçons de tir au pistolet de mon père, dans notre jardin sur des bouteilles, mais sans grand succès. Mon père se moquait d’elle et disait : si tu as un problème, vise leurs pieds, avec un peu de chance tu auras leur tête. Mais les noirs et notre boy étaient très impressionnés, ce dernier racontait à tout le monde que sa madame savait tirer. Au sujet de la fuite, je me rappelle que nous étions à table pour le souper et qu’un homme a ouvert la porte en coup de vent en criant : foutez le camps, il y a une mutinerie au camp militaire… Nous sommes donc partis vers le port et avons embarqué. Maman avait juste fait la lessive et a jeté les vêtements lavés dans une valise ainsi que ses bijoux. C’est tout ce que nous avons emporté.

Ce que je ne vois jamais dans les comptes-rendus, c’est que les gendarmes noirs, les vétérans, n’ont pas participé à la mutinerie. Au contraire, ce sont eux qui ont été chercher les planteurs et les personnes qui habitaient plus loin, qui ont essayé de calmer les jeunes gendarmes et les ont freiné considérablement. Mon père l’a répété souvent. Notre boy, Amundala, voulait partir avec nous, mais il était interdit pour tous les noirs d’embarquer. Il a dû rentrer avec notre chien, un berger allemand. Mon père a, plus tard, essayé de les retrouver, mais sans succès. Puis sur le bateau, il y avait un grand problème. C’est que c’était un bateau à vapeur, qu’il n’était pas sous pression et qu’en plus, les noirs avaient l’habitude de cacher leurs pelles à charbon et leur matériel. Donc les hommes ont dû se débrouiller avec ce qu’ils trouvaient pour allumer le feu etc. Les femmes s’organisaient entre-temps pour préparer du café et de quoi manger pour tout le monde. Depuis, lorsque je vois une boîte de corned-beef, je pense à Kongolo. Je crois que j’ai dormi la plus grande partie du voyage jusqu’à notre arrivée à Kabalo car je n’en ai pas beaucoup souvenir. Arrivés là, c’était impressionnant ; tous ces noirs en colère qui nous insultaient. A bord du train, tout le monde a été fouillé. C'est à ce moment que Maman découvrit alors qu’elle avait encore des munitions dans son sac…

Mes parents ont caché ces balles partout où ils le pouvaient. Une petite anecdote : nous étions dans le wagon qui avait servi au Roi Léopold III et à la Princesse Liliane lors de leur visite au Congo. J’ai dormi dans le lit de la Princesse Liliane (avec mon frère). Triste consolation… A un certain moment, il y a quand même eu quelques coups de feu. Ma mère a souvent raconté que mon père nous avait précipitées en avant, et qu’une balle était passée juste au-dessus de ma tête (?). Bien que les freins eussent été sabotés, le train est tout de même parti. Plus tard, en pleine brousse, le train s'est arrêté et les freins ont été réparés. Avec un train plein de techniciens… ce n’était pas un grand problème. J’ai toujours cru qu’un train venant d’Albertville viendrait à notre rencontre pour nous escorter…

A Albertville, nous avons été accueillis par des amis de mes parents, la famille Marien. Mes parents ont reçu une somme d’argent de la compagnie pour acheter de nouveaux vêtements ainsi que le strict nécessaire. C’est là que j’ai assisté à la plus grande dispute de mes parents : mon père avait décidé de rester, et en plus, de retourner avec d’autres volontaires à Kabalo afin de délivrer des otages (?). Nous devions rentrer en Belgique jusqu’à ce que le calme revienne ; en réalité, nous ne sommes jamais revenus. Comme maman n’était pas d’accord, nous avons finalement pris le dernier convoi avec la famille Marien, jusqu’à Usumbura. Là, nous avons logé chez des amis de Madame Marien (maman ne se souvient pas de leur nom), et le jour suivant nous avons pris l’avion pour Melsbroek. A propos d’Albertville, maman m’a raconté hier l’anecdote suivante. A un certain moment, Albertville a été attaqué du côté du fleuve [la rivière Lukuga ?].

Maman était assise avec Madame Marien sur la terrasse quand Monsieur Cromphout est passé devant leur maison. Il leur a donné un fusil et des cartouches. Maman demandait ce qu’elle devait faire avec un fusil, et a reçu comme réponse : « Si quelque chose bouge de ce côté-là, tu tires. Cela n’a pas d’importance que tu touches quelque chose, nous serons avertis ». L’avion était complet, les enfants n’avaient pas de siège et devaient s’asseoir sur le sol. Comme personne n’avait beaucoup de bagages, ils ont pris le maximum de personnes à bord. Nous avons fait escale au Caire, nous étions affamés et avons reçu le menu suivant : 1 œuf sur le plat et trois frites. Cela, je ne l’oublierai jamais…

A l’arrivée à Melsbroek, il faisait nuit ; nous avons été accueillis par des volontaires et quelqu’un nous a conduits en voiture jusqu’à Ekeren où ma grand-mère habitait. La pauvre avait passé les dernières journées à côté de la radio et venait justement de prendre un somnifère. Comme elle n’avait pas le téléphone, nous ne pouvions pas la prévenir. Nous avons eu assez bien de mal à la réveiller. Le mois qui a suivi n’a pas été très amusant non plus. Maman était très nerveuse, inquiète pour mon père; elle devait improviser pour nous loger chez ma grand-mère et trouver une école pour mon frère et moi avant septembre. Mon frère a été inscrit dans une école flamande, et a dû doubler sa cinquième. Moi je pouvais passer directement en troisième primaire, car il y avait une école francophone à une vingtaine de kilomètres. J’ai donc dû aller en pensionnat pendant quatre ans ; j’y étais avec les filles Deplecker, Nicole et Gisèle. Cette période m’a tout de même traumatisée.

En très peu de temps, tout mon univers avait basculé. Mon grand-père paternel est décédé en octobre et ma grand-mère maternelle l’année d’après. Maman n’avait que 34 ans, elle était venue au Congo juste après son mariage, et mes parents n’avaient jamais envisagé de quitter le Congo. Elle a tenu bon jusque quelques mois après la mort de sa mère, par la suite elle a craqué et a fait une dépression. Mon père est resté à Kalemie avec l’idée que c’était pour une année. Il y est resté jusqu’en… 1976 ! Il avait pensé que tout s’arrangerait et que nous allions revenir le rejoindre. Le temps passait, et rien ne s’arrangeait, au contraire; nous étions aux études et, pendant 16 ans, j’ai eu un père deux mois par an. Mon père est retourné à Kongolo quelques semaines après notre fuite, et tout avait été pillé ou détruit. Le film, Congo River, a été projeté à Turnhout et ce qu'il montrait faisait mal à voir. Je doute que les noirs soient plus heureux maintenant. J’ai toujours eu le sentiment de devoir m’excuser d’avoir été au Congo. Beaucoup de mes collègues pensent que mon père était toujours armé et qu’il fouettait tous les noirs tous les jours, que maman était une version africaine de la nazie. Les seuls films et documentaires que l’on puisse voir nous montrent l’époque de Léopold II et ses excès.

Dommage qu’il n’y ait pas de films de l’époque où nos parents étaient au Congo, montrant tout le travail que cette génération a fait pour construire ce pays… Mon père a toujours dit que l’Indépendance est venue une vingtaine d’années trop tôt, qu’il n’y avait pas encore assez de noirs suffisamment formés, capables de prendre la relève.

A la fin de la décennie des années 90, soit quarante ans plus tard, je rencontrais le capitaine du « BARON JANSSENS », Marcel Tondeleir, et son épouse Betty. Ce couple a été témoin des événements de Kongolo. Madame et Monsieur Tondeleir avaient navigué sur le Bief Supérieur du Lualaba. Ils le connaissaient bien ce fleuve. D’autant plus, que les parents de Marcel Tondeleir, contemporains de mes parents à Bukama, navigants eux aussi bien avant guerre, l’avaient sillonné sur tout son parcours, alors que Marcel était encore gamin. Un après-midi d’été, attablés autour d’un succulent goûter, ils me livraient avec une certaine amertume, la fuite de Kongolo dans les embrouilles du « plan troubles ». Ci-après leur récit nuancé, leur bonne foi ne pouvant être mise en doute. Ils ont été parmi les acteurs de la mise en application du « plan troubles ». Ils ont déployé toutes leur compétence et leur énergie pour éviter le pire. Le temps est venu de leur rendre hommage à eux aussi. Ils sont restés plus de 40 ans dans l’ombre, malgré les promesses de reconnaissance qui leur avaient été formulées au lendemain de la pagaille…

Marcel Tondeleir raconte :

« Cette année-là, je naviguais sur le Bief Moyen, assurant les intérims des navigants qui prenaient leurs congés ». [Betty, son épouse, était secrétaire de l’armement à Kindu] « Quelques jours avant le drame de Kongolo, j’ai été appelé à remplacer le capitaine d’armement de Kongolo. Ce dernier avait déserté son poste. J’avais pour mission de préparer un départ précipité des agents par voie fluviale jusqu’au poste de M’Bila où un train en attente devait prendre le relais, alors que [Marcel Tondeleir insiste sur le fait] un convoi par rail devait se former au départ de Kongolo pour une évacuation des femmes et des enfants, le jour même de la mutinerie du camp d’instruction de la Force Publique. Je ne comprendrai jamais pourquoi l’évacuation ne s’est pas faite par train. Le bateau devait obligatoirement passer devant le camp militaire. Par bonheur nous avons carrément évité une catastrophe lorsque quelqu’un a crié aux 300 passagers de se mettre à l’abri à bâbord. En une fois, cette marée humaine a déferlé sur l’autre bord. C’est un miracle que le bateau ne se soit pas couché. Monsieur Jacobs aurait préféré garder Betty à Kindu au secrétariat de l’armement, le temps de mettre un Congolais au courant de sa fonction. Mais comme la compagnie avait pour principe de ne pas séparer les couples, ma femme, contre son gré, m’accompagna à Kongolo.

Nous ne connaissions plus personne dans cette localité du fait que nous avions quitté le Bief Supérieur plusieurs mois auparavant. Nous arrivions donc dans ce bled comme des bleus, ignorant les dispositions du commandement de l’armée et du Corps des Volontaires quant à l’application du « plan troubles ». L’ingénieur Rubonstein m’avait donné pour mission d’approvisionner le « BARON JANSSENS » en vivres et de le tenir prêt à toute évacuation, sans attirer l’attention de l’équipage congolais. Un tour de force que je contournai en expliquant à ces hommes mis à ma disposition, malgré tout intrigués, que le bateau devait probablement être affecté à « l’opération papyrus ». Effectivement cela paraît incohérent, mais toujours est-il que c’était l’argument officiel, donné par la circonscription, que j’avais à répercuter auprès des travailleurs : préparer le bateau en prévision de la future saison des pluies afin de ne pas être pris de court comme précédemment lors de la forte montée des eaux, ce qui avait entraîné l’obstruction des chenaux navigables à cause des îlots flottants. D’autres difficultés tactiques m’ont compliqué l’existence : il fallait résoudre le problème de chauffe. En effet, j’avais du charbon comme combustible, alors que les grilles des chaudières n’avaient pas encore été converties. Auparavant le combustible employé était le bois, il en restait quelques stères pour l’allumage! »

«Afin de pouvoir quitter le quai précipitamment, je fis placer une ancre reliée au bateau par un gros câble, au milieu du fleuve. Le cas échéant, il m’était alors possible de larguer les amarres et de m’écarter assez loin de la berge. Ainsi maintenu par cette ancre et afin de ne pas être précipité dans les rapides connus sous le nom de « Portes d’Enfer », j’avais le temps de lancer les chaudières, sachant bien que je n’atteindrais jamais le maximum de la pression. Bref, c’est dans ces circonstances pour le moins ambiguës que, en cet après-midi du 8 juillet, j’étais convié à l’Hôtel Lualaba en vue de participer à une réunion du Corps des Volontaires et de l’armée pour y recevoir les nouvelles instructions de la « commission troubles. » [De ce que retient Marcel Tondeleir, les officiers blancs de la F.P. se montraient garants de la sécurité dans la localité et, même en cas de rébellion, tout avait été prévu pour empêcher les mutins d’atteindre l’arsenal. « Il n’y avait qu’à appuyer sur un bouton. »

Si je me réfère aux notes de Gérard Jacques dans son livre « Lualaba », il s’agit d’une initiative du commandant de la place a.i. Crèvecoeur, remplaçant le Major Ralet, toujours sur place.] « Je me souviens que c’est à ce moment que nous avons été alertés que les soldats se mutinaient. Dare-dare, on rassembla tout le monde et l’on décida de se diriger vers les quais et d’embarquer sur les bateaux ; pendant que le tenancier de l’hôtel, Monsieur Fernand Hulet, chef du Corps des Volontaires, se précipitait pour faire amener les religieuses et les pères de la Mission. » [Il y avait a Kongolo deux Hulet, deux frères, Fernand qui était associé à Mr. Schlecten, propriétaire de l’Hôtel du Lualaba, et Robert Hulet, le père d’un copain de Pierre Van Bost, Jacques, qui avait une concession à 50 km du poste, et avec qui il avait fait de nombreuses sorties en brousse] « Les missionnaires refusèrent de quitter, tandis que les sœurs embarquèrent par « le toit » du « PRINCE LEOPOLD ».

La plupart des officiers européens de la F.P. s’étaient précipités sur le petit baliseur « KADIA ». Ils furent montrés du doigt par la population civile, critiquant cette attitude d’abandon total. Tandis qu’un différend se réglait entre les deux officiers supérieurs, Crèvecoeur décida de poursuivre sa fuite, avec à sa suite quasi tous les autres. Quelques militaires s’étaient embarqués sur le « BARON JANSSENS » et voulurent s’assurer l’autorité à bord. Le chef du Corps des Volontaires Hulet s’insurgea. Il renvoya ceux-ci au pont inférieur en les priant de ne plus se manifester, le commandement appartenant dès à présent à lui-même et à Marcel Tondeleir, maître du bateau. Le « BARON JANSSENS » avait maintenant quitté la berge, abandonnant le Major Ralet suppliant ses hommes. » [Cette attitude a été interprétée par les réfugiés comme un acte de faiblesse, alors qu’il tentait de faire entendre raison aux officiers déserteurs afin de l’aider a reprendre les choses en mains.] « A bord, quelques volontaires s’esquintèrent à faire monter la pression des chaudières. Les religieuses ne manquèrent pas d’huile de bras et remontèrent le charbon dans des seaux. Malgré un clair de lune des plus brillants, j’avais interdit tout feu pouvant nous faire repérer.

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