Les souvenirs de Symphorien Semvua Sikyala

Grève à Albertville

L’expansion de la ville d’ALBERTVILLE, de ses quartiers chics habités par les européens et de ses cités satellites africaines, s’est fait par un élan économique fulgurant dès le début des années 1957-1958-1959. L’implantation des diverses entreprises privées a drainé des hordes humaines à la recherche de l’emploi. Toutes les usines, les fabriques, les chantiers fonctionnaient à plein rendement. Des nouvelles maisons émergeaient sur tous les flancs et tous les côtés des collines à la recherche de la meilleure vue sur le lac. Chez nous, à la citée, cette marée humaine créa une tension vive entre les anciens et les nouveaux, avec parfois le spectre des vieux démons des guerres tribales. Beaucoup de gens ne comprenaient pas que nous étions dans un centre extra-coutumier, c'est-à-dire que les gens étaient administrés par des textes et non par la tradition. Les nouveaux arrivants fusaient de partout au Congo : du Kasaï, du Rwanda, et même des lointaines provinces congolaises de Léopoldville. La plupart venaient du Maniema, juste à côté bien sûr, qui était relié à Albertville par le tronçon de chemin de fer qui s’arrête à Kindu-Maniema. Ceux-ci construisaient sans respecter les normes cadastrales, créant des continuelles frictions avec les anciens habitants. Toujours égal à lui même, le commissaire de Police Mr CARPENTIEZ, lors de ses nombreuses sorties à la cité, avait réussi à mettre hors d'état de nuire tous les initiateurs de violence. Mr CARPENTIEZ n’avait jamais froid aux yeux, il tenait à ce que l’ordre et la tranquillité soient établis sur toute l’étendue de sa juridiction opérationnelle. Ainsi, il avait décrété de manière tacite un couvre-feu à la cité, imposant aux tenanciers des débits de boissons la fermeture de leurs établissements à 23 heures les jours de semaine et à 00 heures le samedi. Et aucune goûte d’alcool ne serait vendue la journée, pendant les heures de travail. Tous ceux qui seraient trouvés en état d'ébriété au-delà des heures de fermeture devaient savoir qu’ils allaient régurgiter leurs prises dans les postes de police. Il prodiguait la tolérance et le respect mutuel dans cette cité qui était devenue de plus en plus cosmopolite. Il était très apprécié de la population qui a su bien se prémunir de toutes les formes de violence, heureusement, grâce au dynamique et infatigable Mr CARPENTIEZ.


Bien sûr, à la même époque, pour lutter contre les abus des patrons blancs qui licenciaient les travailleurs sans aucune référence à la loi en la matière, sans explication et sans tergiversation, un esprit d’éveil et de prise de conscience a commencée à se cristalliser au sein de cette classe sociale.


Des syndicalistes belges affiliées au Syndicat Chrétien de la Belgique opérant à Elisabethville étaient venus à leur rescousse à Albertville pour prospecter l’implantation d’un syndicat pour les congolais.


Leur dévolu s’est porté sur… justement le petit frère de mon père, nomme ANDRE. Mon grand-père était devenu vieux et ne pouvait plus s'occuper de moi efficacement; ainsi, il m’avait confié au petit frère de mon père. Celui-ci était un ancien sergent opérateur de la Force Publique qui venait d'achever quelques années plus tôt son service militaire. Il travaillait comme opérateur radio à la T.S.F., un petit bâtiment situé après le stade Baudouin, juste à droite sur la route qui conduisait au Yachting-Club d’Albertville. J’habitais chez lui et j’ai été témoin de toutes les péripéties qui s’y étaient déroulées. A mon avis, son choix a été influencé soit par les prêtres soit par l’entremise de son patron de T.S.F qui devait avoir des accointances avec ces milieux chrétiens. Sinon je ne vois pas comment. Il habitait dans une maison toujours en briques non cuites séchées au soleil avec un toit en paille, sans plafond et sans électricité. Le comble est qu'aucun véhicule ne pouvait y arriver. Il n'y avait de route praticable. L’éclairage de sa maison provenait de la lumière d’une lampe Coleman, quand il avait les moyens d’acheter, le brûleur de la lampe, sinon la plupart de temps, une petite lampe tempête du genre de celles que vendait Da Souza dans son magasin. Elle était déposée sur une simple table qui servait tantôt de bureau tantôt de table à manger. Une vieille machine à écrire trônait sur un coin de cette table. Mon oncle était éloquent et parlait un français impeccable. Un jour pourtant, c’est dans ce salon qu’ont été discutés et décidés quelques faits saillants qui devaient changer à jamais le rapport de forces dans la ville d'Albertville. Des réunions ont été tenues nuitamment. Comme la maison n’avait pas de plafond, tout ce qui se discutait à haute voix au salon, était suivi par moi dans ma minuscule chambre où je feignais de dormir.


La première grande action qui a été envisagée et programmée était une grève générale pour paralyser la Compagnie des Chemins de Fer des Grands Lacs. Des représentants de travailleurs étaient venus se plaindre des conditions de travail, de leur salaire évidemment, mais plus important pour eux, de la suppression du « POCHO » que certains recevaient une fois par semaine, mais d’autres une fois la quinzaine. Le pocho consiste en la distribution par la CFL des rations alimentaires. Les jours choisis par la CFL, les épouses des travailleurs congolais devaient se déplacer de leur maison souvent avec leurs enfants en bas age sur le dos, et venir percevoir de l’huile de palme ou d’arachide, un paquet de riz, un paquet de farine de manioc, un paquet de farine de maïs, des poissons salés Makayabo, des haricots, du sucre, du sel. Ils estimaient que les quantités données étaient insuffisantes et non diversifiées comme eux le voulaient, et aussi que cela était humiliant. Je me rappelle avoir entendu quelqu’un demander si les épouses européennes recevaient aussi le fameux « pocho ». Ils décidèrent d’arrêter le travail. Mon oncle se réveilla tôt, enfila son meilleur costume et se dirigea vers la CFL dans le nouveau bâtiment à étages de la Direction Générale de la CFL. Il  monta, je ne sais à quel étage, déposa au Secrétariat du Directeur Général de la CFL un avis de grève des travailleurs congolais. Il était rentré à la maison et s’était mis à raconter son épopée auprès de la direction de la CFL. J'étais là dans ma chambre et suivais, faisant semblant d’étudier mais je suivais attentivement toutes ses diatribes. Le lendemain, toute la CFL était complètement paralysée, aucun travailleur ne s’était présenté à son poste. A la direction de la CFL, à la réception de l’avis de la grève, ils avaient pris la chose à la légère, estimant que cela était fort improbable que cela puisse arriver.


Aucune grue, aucune locomotive, même pas le fameux train de banlieue "Kamalamba" qui emmenait les travailleurs des cités lointaines de la CFL. C’est alors que j’ai vu un blanc, sûrement émissaire de la direction de la CFL escalader les ravins et les flancs de la cité et venir chez nous, demandant à mon oncle d’aller discuter avec la direction générale pour trouver un dénouement à cette crise mal venue. Avec quelques représentants des travailleurs, mon oncle se présenta pour affronter les dirigeants de la CFL et surtout confronter les propositions. Je les ai revus encore rentrer à la maison et discuter toute la nuit. Deux visions non antagonistes soutenues par les uns et par les autres étaient sur la table. Un groupe demandait que l’on augmente le salaire bien sûr, mais aussi la quantité des produits constituant le fameux pocho qui devait être diversifié.

Les radicaux demandaient que l’on augmente le salaire, et en plus que l’on supprime purement et simplement le pocho et que l’on donne la contre valeur au travailleur. Je me rappelle que mon oncle soutenait la dernière proposition. Entre-temps à la CFL, ils étaient attendus le lendemain. C’est alors que, débordé par l'ampleur de la contestation, mon oncle prit  la ferme résolution d’envoyer un télégramme à Lubumbashi  auprès de ses mentors syndicalistes blancs, les priant de descendre urgemment à Albertville car la situation devenait explosive et même insurrectionnelle. Ceux-ci ont vite sauté dans l’avion pour Albertville. Arrivés, ils ont immédiatement rencontré mon oncle qui les a briefés sur les contours de la situation. A l’heure du rendez vous, la délégation syndicale multiraciale était entre unis avec des propositions bien concrètes. La direction générale de la CFL a demandé la reprise immédiate du travail, a accepté d'augmenter les salaires des travailleurs et mieux s’est résolue à supprimer le très humiliant pocho et à leur payer la contre-valeur ajoutée sur leur salaire. Le patronat a fait une concession sur toute la ligne. A la maison, chez nous, et dans les bars de la cité, c'était une effervescence débordante qui ébranla la cité et les camps des travailleurs, et le mot d’ordre de la fin de la grève avait été lancé par mon oncle, demandant à tous les travailleurs d’être présents à leur poste pour la reprise du travail. Le jour de la reprise engendra une joie immense. Les trains étaient décorés par les travailleurs et à chaque passage du train, des cris de joie et des chants sanctionnaient la fin de cet épisode. Leurs épouses ont jubilé : désormais elles pouvaient aller acheter ce qu’elles voulaient pour nourrir leur époux et leurs enfants. La compagnie CFL se débarrassait de ce service encombrant qui n’avait aucune connexion avec ses ambitions commerciales.


Après la CFL, ce fut le tour de la Filtisaf de renoncer à ses vieilles pratiques paternalistes et de réajuster les salaires de travailleurs. Mon oncle était devenu un héros. Notre maison était envahie dès les premières lueurs du soleil par des ouvriers qui venaient accuser les abus de leurs employeurs. Mon oncle les écoutait et rédigeait des lettres que les travailleurs envoyaient au Bureau du Travail. Il a été la première personne que j’ai connue, à cette époque, travaillant à domicile.

Quelques mois plus tard, mon grand-père était venu à la maison et a expliqué à son fils, mon oncle, qu’il avait peur que les blancs lui fassent du mal, vu l’ampleur des confrontations auxquelles son fils s’exposait. Mon grand-père avait vécu une autre époque et ne comprenait rien du syndicalisme et du mouvement ouvrier. Il fit une forte pression sur son fils afin qu’il renonce à son travail de syndicaliste et qu’il regagne son précédent boulot d’opérateur radio à la T.S.F. La semaine suivante, mon oncle démissionna de son poste de syndicaliste et réintégra le service public qui n’a pas hésité à le muter à Kabalo, loin d’ALBERTVILLE.



En "miroir" : les dépêches adressées par Jean Schraûwen à l'agence Belga concernant cette grève

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  10/6/59

GREVE ECLATA 10 JUIN PERSONNEL AUTOCHTONE COMPAGNIE CFL LIMITEE ALBERTVILLE SUIE REVENDICATIONS CERTAINS TRAVAILLEURS STOP GREVE ATTEINT 95 % EFFECTIFS STOP GREVE PRECEDEE PAR MENACES CERTAINS MENEURS EGARD TRAVAILLEURS DESIRANT SE RENDRE TRAVAIL ET DONT EFFET ASSEZ FORTEMENT RESSENTI PARMI POPULATION CREDULE STOP AUTORITES MIRENT PARFAITEMENT AU POINT MESURES SECURITE STOP SITUATION ABSOLUMENT CALME STOP DEPART TRAIN COURRIER NORMALEMENT ASSURE FULLSTOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  11/6/59

GREVE PERDURE ALBERTVILLE MEMES PROPORTIONS STOP GREVE PARTIELLE ECLATEE MOBA PORT BAUDOUINVILLE 11 JUIN RAPIDEMENT RESOLUE STOP SITUATION PARFAITEMENT CALME

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  11/6/59

VICEGOUGAL SCHOELLER ATTENDU AVION ALBERTVILLE 11 JUIN SEIZE HEURES TRENTE MISSION INFORMATION STOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  12/6/59

GREVE CONTINUE AU CFL STOP APRES REUNION COMMISSION CONCILIATION 11 JUIN BON ESPOIR EXISTAIT REPRISE TRAVAIL 12 MATIN STOP CEPENDANT PIQUETS GREVE HABILEMENT ORGANISES BARRERENT ROUTES STOP QUELQUES BLESSES STOP NONOBSTANT DANGER PLUSIEURS TRAVAILLEURS COURAGEUX FORCERENT BARRAGE CERTAINS ARMES DE COUTEAUX STOP ON IGNORE ORIGINE MOTS ORDRE STOP IMPOSSIBLE CONNAITRE EXACTEMENT REVENDICATIONS GREVISTES QUI IGNORENT POURQUOI SONT EN GREVE NI BUTS POURSUIVIS STOP DANS AUTRES POSTES CFL TOUT PARFAITEMENT NORMAL FULLSTOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  13/6/59

VICEGOUGAL SCHOELLER PRONONÇA 12 JUIN MIDI DANS CITE CFL ALLOCUTION ENGAGEANT GREVISTES REPRENDRE TRAVAIL STOP TEXTE COMPLET TRANSMIS COURRIER AVION STOP


Albertville, le 13 juin 1959

Ayant eu l'occasion de poster un courrier-avion ce matin assez tôt, je vous transmets à la hâte en annexe le texte de l'allocution prononcée le 12 juin par Monsieur le Vice-Gouverneur Général SCHOELLER, vers midi, à l'intérieur de la cité des travailleurs CFL. J'attends des renseignements précis pour vous communiquer télégraphiquement ce matin si aujourd'hui les travailleurs sont arrivés plus nombreux au travail.


Hier 12 juin 1959, l'Administrateur du Territoire a sorti trois décrets, soit :

─         un décret interdisant tout rassemblement de plus de 5 personnes

─         un décret interdisant le port d'armes de toute sorte, tant javelots, flèches, etc. que revolvers

─         un décret interdisant l'ouverture des cabarets et débits de boisson, sauf en ce qui concerne les hôtels et restaurants.

 

Allocation prononcée le 12 juin 1959 à Albertville par Monsieur le Vice-Gouverneur Général SCHOELLER

Je suis venu ici hier d'Élisabethville pour examiner la palabre qui existe entre la Compagnie CFL et ses Travailleurs.

Avant tout, il est essentiel de voir clair dans la situation. Pour cela, il est certains points sur lesquels je désire sérieusement attirer votre attention. Et d'abord celui-ci : le droit de faire la grève, de cesser le travail est réglementé par la loi.


Les travailleurs n'ont le droit de se mettre en grève qu'après avoir suivi une procédure dont le but est d'abord de faire connaître clairement les points de vue des travailleurs, d'un côté, de leur employeur de l'autre côté, et ensuite d'essayer de les mettre d'accord.


L'Administration intervient dans cette procédure, d'abord l'Administrateur, s'il ne réussit pas, une commission de conciliation est créée au District. Après cela, si c'est encore nécessaire, c'est le Gouverneur qui intervient. C'est seulement si aucun accord n'a pu intervenir après toute cette procédure que la grève est permise par la loi.

Vous n'avez pas suivi cette procédure. Vous vous êtes mis en grève avant que l'Administration ait pu confronter votre point de vue et celui de l'employeur, et essayer de les mettre d'accord. Par conséquent, tous ceux qui ont cessé le travail sont en faute.


Le plus grand inconvénient de tout cela, c'est que maintenant la situation est confuse. La Compagnie CFL ne veut et ne peut pas discuter avec des gens qui, sans droit, ont quitté le travail, qui sont donc en état d'infraction. L'Administration de son côté ne peut pas jouer son rôle, qui consiste à essayer de mettre tout le monde d'accord.

Alors, que va-t-il se passer? D'un côté, sans doute, pendant un certain temps, vous provoquerez une désorganisation dont la population souffrira. Et la population c'est notamment, en grande partie, vos compatriotes, des Congolais de toutes les origines. Mais d'un autre côté, vous n'allez plus toucher ni salaires ni ration. De qui allez-vous vivre, vous, vos femmes, vos enfants?

 

Vous ne devez pas vous nourrir d'illusions. Vous devez savoir que si on veut sortir de ce potopote il faut avant tout que vous repreniez le travail. Si vous ne le faites pas, aucune discussion n'est possible, aucune solution ne pourra intervenir. Et pour vous cela signifiera chômage et misère, pour vos femmes et vos enfants, faim et privation.

Votre Gouverneur n'est pas venu ici pour vous faire des menaces, mais bien pour vous donner des conseils, les conseils de quelqu'un qui vit tout de même depuis 25 ans avec les Congolais et qui ne leur veut que du bien. Ces conseils, les voici :


1.         D'abord reprendre le travail. Sans cela, aucune solution n'est possible.

2.         Ensuite, vos représentants qualifiés pourront clairement exposer votre point de vue et discuter avec l'employeur devant les autorités de l'Administration.

3.         J'ajoute : soyez raisonnables. Vous pouvez être sûrs que les demandes vraiment fondées que vous formulerez seront examinées avec la plus grande attention. J'y veillerai personnellement.


Je vous dis, réfléchissez bien à tout cela. Je sais que quelques hommes mal intentionnés essaient de vous entraîner dans l'aventure. Ils vont encore essayer aujourd'hui de vous empêcher d'entendre la voix de la raison. N'écoutez pas ces mauvais guides. Ce ne sont pas eux qui vous viendront en aide quand vos femmes et vos enfants auront faim.

Revenez au travail aujourd'hui encore. L'Administration a pris toutes les mesures nécessaires pour vous protéger. Il faut que les fauteurs de troubles sachent que nous sommes fermement décidés à maintenir l'ordre, et que nous avons les moyens de le faire.


Quand vous aurez repris le travail, nous examinerons ensemble quels sont vos problèmes et nous essayerons d'y trouver une solution. J'ai confiance en vous.



Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  14/6/59

SUITE NOLET SIGNALANT ALLOCUTION VICEGOUGAL ET ORDONNANCES PRISES PAR TERRITOIRE ALBERTVILLE STOP NOMBRE GREVISTES CFL LEGERE BAISSE 13 JUIN MATIN 200 TRAVAILLEURS PRESENTS CONTRE 120 LA VEILLE FULLSTOP TREIZE DEBUT MATINEE ADMINISTRATION AVEC GENDARMERIE PROCEDA CONTROLE CITE CFL KASEKE SITUEE PERIPHERIE ALBERTVILLE DANS INTENTION ARRETER INDIVIDUS IDENTIFIES POUR AVOIR PROFERE MENACES EGARD TRAVAILLEURS ET AVOIR ESSAYE LA VEILLE LES EMPECHER SE RENDRE TRAVAIL STOP AUTORITES ARRETERENT VINGTAINE PERSONNES DONT PARTIE LIBEREE DEPUIS STOP INTERROGATOIRES CONTINUENT FULLSTOP DANS COURANT MATINEE 13 JUIN NECESSAIRE DISPERSER ATTROUPEMENT GREVISTES AYANT PRIS POSITION DEVANT PRISON STOP GREVISTES REFUSANT OBTEMPERER PLUSIEURS INJONCTIONS DISPERSEMENT CONTRAIGNIRENT GENDARMERIE LANCER DEUX GRENADES LACRYMOGENES DONT UNE ATTEIGNIT PAR COUP DIRECT BRAS UN GREVISTE QUI FUT HOSPITALISE BLESSURE SANS GRAVITE STOP UN AUTRE GREVISTE LEGEREMENT BLESSE COUP MATRAQUE STOP DEPUIS INCIDENT SITUATION CALME COMA CERTAINE DETENTE SEMBLE MANIFESTER FIN JOURNEE FULLSTOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  15/6/59

15 JUIN MATIN 500 TRAVAILLEURS CFL PRESENTS SOIT ENVIRON TIERS EFFECTIFS STOP SITUATION CALME STOP SUIVANT CERTAINES INDICATIONS PERSONNEL COMPLET REPRENDRAIT TRAVAIL 16 JUIN PERMETTANT COMMISSION CONCILIATION ECHELON DISTRICT REPRENDRE IMMEDIATEMENT TRAVAUX SUSPENDUS SUITE GREVE ILLEGALE FULLSTOP SCHOELLER VICECOUGAL DELVAUX COMDIST EFFECTUERENT AVION ALLER RETOUR ALBERVILLE KABALO 14 JUIN POUR INFORMATION STOP GREVE EVITEE SUITE NEGOCIATIONS ENTRE TRAVAILLEURS ET DIRGAL CFL FULLSTOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  15/6/59

SUITE GREVE TRAFIC CFL LACUSTRE ET FERROVIAIRE DEPART ET DESTINATION ALBERTVILLE FORTEMENT RALENTI STOP TOUTEFOIS AUCUNE GRAVITE POUR REGION EST CAR CARGO PEU ABONDANT STOP CFL CONTINUERA ASSURER LIGNE KIGOMA USUMBURA POUR EVACUATION CAFE DONT CAMPAGNE BAT SON PLEIN FULLSTOP MATIN 15 JUIN PRESENCES TRAVAIL PLUS NOMBREUSES STOP CHIFFRES PRECIS SUIVRONT FULLSTOP CONTACTE PERSONNELLEMENT QUOTIDIENNEMENT VICEGOUGAL FULLSTOP

Télégramme presse : destinataire Belgapresse Léopoldville  16/6/59

GREVE CFL ALBERTVILLE TERMINEE STOP PERSONNEL CONGOLAIS AVOIR REPRIS TRAVAIL SANS CONDITION FULLSTOP VICEGOUGAL SCHOELLER PARTIT 16 AVION DIRECTION ÉLISABETHVILLE 7 HEURES ACCOMPAGNE COMDIST DELVAUX FULLSTOP

 

 

2006  www.albertville.be

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